Jeanne-Marie Sauvage-Avit – La Terre des loups – Editions Charleston – 18 €
Professeur d’histoire et de géographie à la retraite, Jeanne-Marie Sauvage-Avit a vécu ses vingt premières années à Saint-Étienne. Prix Claude Fauriel 2012 pour « Le Printemps des femmes » elle a remporté en 2017 le Prix du Livre Romantique avec « Cueilleuse de thé ».
Virée de l’entreprise où le nouveau PDG a un beau-frère à caser, Jessy Delmass - après avoir brillamment négocié ses indemnités de départ - arrête le cirque, change de vie et revient à son premier amour, la peinture. Mais Jessy n’est pas un peintre du dimanche, Académie des Beaux-Arts, doctorat, sans parler d’un contrat d’exclusivité avec une galeriste à la mode. Une copine avec qui elle a fait ses études à Lyon et qui lui promet la gloire.
Mais Jessy ne va pas s’installer n’importe où. Elle va planter son chevalet au Villaret. Un hameau de Haute-Savoie, 1600 mètres d’altitude, 11 habitants permanents. Et pour être plus précis à « La Bergerie » un chalet dans lequel Witzberg - un peintre Juif-allemand dont le moindre tableau va chercher dans les trois millions d’euros - avait trouvé refuge en 44. Il s’y était planqué une année entière avant de passer en Suisse à la barbe des Allemands.
Au hameau elle fait la connaissance de Vincent un guide de haute montagne, de ses chiens de traineau, de son frère Loïc gardien du refuge, de Raymond aussi, le gamin qui en 44 avait fait passer la frontière à Witzberg. Aujourd’hui vieux monsieur fier d’exhiber le tableau que le peintre lui avait remis en remerciement du service rendu « C’est pour toi, kind, j’ai payé ton père mais tu as droit à quelque chose toi aussi.»
A la Bergerie elle découvre le matériel de Witzberg, ses toiles, ses châssis, sa palette, ses pinceaux, ses tubes, ses flacons de pigments. Toucher chacun de ces objets lui remue le cœur, elle qui à l’Université avait choisi ce peintre comme sujet de thèse, « les prendre entre ses doigts, savoir que Witzberg s’en était servi, les avait manipulés comme elle le faisait en ce moment, que, grâce à eux, il avait créé des toiles fabuleuses, reflets de l’Histoire, la bouleversait plus qu’elle n’aurait cru. »
Subjuguée par la présence en palimpseste de son héros dans tous les replis de la maison et fascinée par le tableau du vieux monsieur, Jessy a un éblouissement, une impulsion irrépressible. Un flash l’éblouit, la transgresse. Oui elle pourrait, oui elle peut. Elle s’empare d’un pinceau, elle ne fait pas un faux, elle n’est pas faussaire, non elle est Witzberg… et descend tout de go la première marche de l’enfer.
Diffusion sur RCF de l’émission « A plus d’un titre » avec Jeanne-Marie Sauvage-Avit le Samedi 10 Octobre à 10 heures 15 et le Dimanche 11 à 17 heures.
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