Icône incontestée du cinéma français de la deuxième partie des Trente Glorieuses, Jean-Paul Belmondo aura incarné, tout à la fois, le héros flegmatique et facétieux, l’amant idéal et l’acteur viril. On ne compte plus ses succès au box office, qui furent nombreux, très souvent accompagnés de bandes originales redoutables, servies par Antoine Duhamel, Georges Delerue, Philippe Sarde ou Ennio Morricone. Rediffusion de l’émission du 9 avril 2020.
Un style, une présence et un charisme fou qui en ont fait une icône aux yeux du public comme de la critique, Jean-Paul Belmondo était unique. Sa carrière aura accompagné la vie des Français pendant si longtemps. Une carrière qui avait véritablement débuté, il y a soixante ans, à la faveur d’un réalisateur et d’un film, symbole de la Nouvelle Vague.
C'est le jazzman Martial Solal qui compose la bande originale d’un film qui va marquer toute une génération. Alors qu’il vient du théâtre, Jean-Paul Belmondo se révèle au public et surmonte ses réticences pour le cinéma malgré un physique atypique, fortement critiqué à ses débuts. Mais Jean-Luc Godard a décelé un formidable potentiel qui va se confirmer chez Sautet la même année dans "Classe tous risques". Quant à Jean-Luc Godard, il va lui offrir en 1965 un second chef d’oeuvre dans Pierrot le fou, sublimé par la musique d’Antoine Duhamel.
Avec "La Ciociara", un grand film, c'est le rapprochement entre le cinéma français et italien qui est en plein essor dans ces années 60 que Belmondo saisit au bond et incarne. Chantre du néoréalisme, Vittorio De Sica fait appel à Jean-Paul Belmondo pour le rôle d’un jeune enseignant, pacifiste, amoureux de Sophia Loren, mais qui ne le serait pas, pour "La Ciociara" contant l’exode à la campagne d’une veuve et de sa fille dans une Italie en guerre. La BO est signée Armando Trovajoli, grand maître italien de la musique de film des années 60 à 80.
Henri Verneuil est un des réalisateurs qui va grandement compter dans la carrière de Jean-Paul Belmondo. Un film, adapté d’un roman d’Antoine Blondin, va tout déclencher au printemps 1962. Film de la rencontre entre un Jean Gabin, monstre sacré du cinéma français d’après guerre et la vedette de la Nouvelle vague qu’est alors Belmondo, "Un Singe en hiver" comporte la musique de l’excellent Michel Magne. Par la suite, le tandem Verneuil-Belmondo se reformera à six reprises, essentiellement dans les années 60 et 70. Au sujet d’Un Singe en hiver, les critiques sont partagées quant au message du film alors que le ministère de la santé de l’époque y voit même une apologie de l’alcoolisme. Un avis que ne partage pas François Truffaut pour qui cela ne fait aucun doute : « Jean-Paul Belmondo est le meilleur acteur actuel, le meilleur et le plus complet », dira-t-il.
C'est l’unique film qu'ils ont tourné ensemble. Autre réalisateur phare de la Nouvelle vague, François Truffaut dirige JPB dans "La Sirène du Mississippi" en 1969. La musique, comme pour "Pierrot le fou" est composée par Antoine Duhamel. Une musique aux accents angoissants dans la scène à la fin du film entre un Jean-Paul Belmondo et une Catherine Deneuve en fuite sur fond de paysage enneigé dans une réplique devenue célèbre car reprise dans un autre film de Truffaut en 1980, en l’occurrence "Le Dernier Métro".
« -Tu es belle, Eléna, si belle que te regarder est une souffrance. - Hier, tu disais que c'était une joie ! - C'est une joie, et une souffrance. »
En 1969, Jean-Paul Belmond est demandé par tous les réalisateurs. Il enchaîne les grands films. Dans le désordre: "Le Cerveau", de Gérard Oury, "Borsalino", de Jacques Deray et "Un Homme qui me plaît", de Claude Lelouch, même si ce dernier n’aura pas le succès qu’il aurait mérité. "Borsalino", est un incontournable dans sa filmographie, de part le succès considérable qu’il engendrera au printemps 1970 avec près de 5 millions d’entrées en salles et LA rencontre, bien sûr avec l’autre vedette masculine française de l’époque: Alain Delon. Confiée à Claude Bolling, la musique de est toujours, cinquante ans plus tard, l’une des plus connues et des plus citées du cinéma français.
On ne peut pas raisonnablement ne pas évoquer un autre réalisateur indissociable de la filmographie de Jean-Paul Belmondo qu’est Philippe De Broca. A travers trois films notamment: "L’Homme de Rio" (64), "Les Tribulations d’un Chinois en Chine" (65) et "Le Magnifique" (73) - trois partitions, composées pour les deux premières par Georges Delerue et par Claude Bolling -, Belmondo allait progressivement devenir Bébel, cet acteur sautillant et physique qui allait par la suite entamer une seconde carrière à travers des rôles tantôt de flic, tantôt de voyou ou d’aventurier.
Chapitre, majeur de la carrière de JPB, celui des films d’action et des années Bébel comme on peut les appeler. Si "L’Homme de Rio" a été l’acte fondateur en quelque sorte, "Le Cerveau", de Gérard Oury n’est pas mal non plus mais deux films méritent que l’on s’y attarde : "Le Casse" tout d’abord en 1971 et "Peur sur la Ville" en 1975 auxquels on aurait pu rajouter "Flic ou voyou", en 1979, avec, à la baguette, le Maestro Ennio Morricone pour les deux premiers cités et Philippe Sarde pour le dernier. La musique du générique du "Casse", et celle de "Peur sur la ville" sont deux deux exemples significatifs de l’association Belmondo-Morriconne qui sera réédité par deux fois encore au début des années 80 pour "Le Professionnel", de Georges Lautner (autre réalisateur très marquant chez Belmondo) et en 1983 pour "Le Marginal", de Jacques Deray. Autant de succès colossaux puisque chaque film réalisera entre 3,5 et 5 millions de spectateurs en salles.
La musique du "Professionnel" est peut-être la plus liée à Jean-Paul Belmondo, avec celle de "Borsalino". C'est celle qui fut choisie pour accompagner son cercueil lors de la cérémonie aux Invalides. Une BO qui sera, aussi, un énorme succès de vente. "Chi mai", le titre principal, constitue pourtant un thème que Morricone a recyclé et qui date en fait de 1971 et de "Maddalena", un film italien confidentiel.
28 ans après Borsalino, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo étaient réunis à nouveaux devant la caméra dans "Une Chance sur deux", de Patrice Leconte. Alexandre Desplat en signait la BO. Pour l'anecdote, c'est aussi le dernier ayant dépassé le million d'entrées pour Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, en tant que têtes d'affiche.
Quelques conseils pour prolonger l'écoute...
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