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Jérusalem, "une formidable instrumentalisation de l'histoire"

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 15 décembre 2017 - Modifié le 27 février 2024
Le Temps de le direJérusalem, une formidable instrumentalisation de l'histoire
Prise entre la puissance des symboles religieux et l'instrumentalisation de l'histoire à des fins politiques, la ville de Jérusalem est à nouveau au cœur de vives tensions.
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De quel pays Jérusalem est-elle la ville ? Mercredi 6 décembre, Donald Trump a reconnu Jérusalem capitale d'Israël. Une décision qui a relancé les tensions entre l'État hébreux et la Palestine. Et qui a mis un voile sur un processus de paix qui n’était deja que l’ombre de lui-même. Hier, le 13 décembre, un sommet extraordinaire de l'Organisation de la coopération Islamique (OCI) s'est tenu à Istanbul, en Turquie, réunissant une cinquantaine de responsables du monde musulman. Ils ont appelé à faire de Jérusalem Est la capitale de la Palestine.
 

"La variable dans cette histoire, c'est l'opinion israélienne qui malheureusement ne bouge pas ou quand elle bouge c'est plutôt dans un sens inquiétant"

 

 

Qui était là avant ? l'enjeu politique de l'histoire

"L'un des problèmes que l'on a dans cette région et dans cette ville c'est l'abus de l'histoire, explique Yann Mens, et cette idée qu'il y a quelqu'un qui était là avant, et on en finit pas sur ce point." Si on parle des 300.000 Palestiniens qui se trouvent à Jérusalem, "c'est vrai qu'ils sont là depuis des générations", admet Jean-Paul Chagnollaud, et qu'il y a "un ancrage très profond". C'est vrai aussi que dans les quartiers de Jérusalem Est où s'installent les Israéliens, et que l'on appelle colonies, la discrimination est très forte.

"Une formidable instrumentalisation de l'histoire" donc, comme le dit Jean-Paul Chagnollaud, avec une notion d'enracinement qui devient "infiniment complexe" quand elle touche au symbolique. N'oublions pas que dans les années 30, quand les juifs fuyaient les persécutions en Europe, étaient plus attirés par New York que par Jérusalem. Le politologue invite ainsi à "relativiser l'idée" selon laquelle Jérusalem "avait de tout temps été voulue par les juifs du monde entier : ce qui n'est pas vrai !"

 



 

À quoi ressemble Jérusalem ?

Imaginons un cercle coupé en deux, dont le côté gauche est Jérusalem ouest, et le côté droit Jérusalem est. À l'Ouest, vivent 99,9% d'Israéliens juifs ; à l'Est, 300.000 Palestiniens et 200.000 juifs installés dans les fameuses colonies. "Depuis qu'ils occupent la partie est, les Israéliens font tout pour essayer de faire partir les Palestiniens, ou en tout cas faire en sorte qu'il y ait une majorité juive", explique Jean-Paul Chagnollaud. Aujourd'hui la ville compte environ 60% de juifs et 40% de Paslestiens, et ce dernier chiffre ne cesse d'augmenter.

Au total 800.000 habitants vivent à Jérusalem. Dont 35.000 dans la vieille ville, à 90% Palestiniens (quelques uns sont chrétiens mais la plupart musulmans). Le cœur du œur de Jérusalem comprend quatre quartiers : juif, chrétien, arménien et musulman. "C'est dans cet espace que tout se concentre avec l'idée que les lieux saints des trois religions sont imbriqués : le mur des lamentations sert de support à l'esplanade des Mosquées et à 200 mètres se trouve le Saint-Sépulcre."

 



 

L'avancée des colonies israéliennnes

Tous les grands États sont concernés de près ou de loin par ce qui se passe à Jérusalem et dans sa région. Rendant la situation on ne peut plus complexe. "Ce n'est pas parce qu'on contrôle par la force un territoire que pour autant on en a la légitimité, et à s'en tenir uniquement à la force en piétinant le droit, on finit par perdre." À l’occasion du 50e anniversaire de la guerre de juin 1967, Jean-Paul Chagnollaud a écit "Israël/Palestine - La défaite du vainqueur" (éd. Sindbad / Actes Sud). Il parle d'une "apparente stabilité" qui cache "une profonde et constante aggravation d’un conflit depuis le naufrage du processus d’Oslo en 2000".

Le processus de paix se délite à mesure que la situation se complique. Comme le constate Yann Mens, le "statu quo lent se dégrade". Et pour lui, "la variable dans cette histoire, c'est l'opinion israélienne qui malheureusement ne bouge pas ou quand elle bouge c'est plutôt dans un sens inquiétant."

 

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