L'Histoire le reconnait comme l'un des grands penseurs de l'Humanité. Et pourtant, ce que l'on sait moins, c'est qu'Emmanuel Kant n'a jamais quittté sa ville et qu'il est l'inventeur du "porte-jaretelles" ! Un philosophe à découvrir ou redécouvrir dans notre rendez-vous hebdomadaire "Les petits Platons" avec Jean-Paul Mongin.
Fin du dix-huitième siècle, dans une petite ville paisible de Prusse orientale, Königsberg, dominée par les tours d’un château au coin duquel un célèbre promeneur : le Professeur Emmanuel Kant… Célèbre promeneur et célèbre promenade, puisque le philosophe avait la réputation d’être si régulier que ses concitoyens remontaient leurs pendules à son passage. Mais une fois, il y dérogea, Königsberg faillit sombrer dans le chaos : on évoque presque des pluies de sang et des nuages de sauterelles…
Le philosophe aurait reçu Le Contrat social de Rousseau, dont la lecture l’aurait englouti jusqu’au soir ou bien c'est l’annonce de la révolution française qui l’aurait distrait de son circuit habituel. Personne ne le sait. Quoiqu’il en soit, cette anecdote illustre par contraste l’absolue monotonie d’une existence toute entière vouée à l’étude. On peut raconter sa vie comme lui-même racontait celle d’Aristote : Kant est né, a travaillé et est mort. À Königsberg. Il n’a fait que de rares excursions en-dehors.
Il est tout de même fascinant de songer que ce théoricien du sublime n’a de sa vie, pas vu une montagne. Qu’il a écrit sa Critique de la faculté de juger, un des plus profonds essais de philosophie de l’art, sans jamais avoir l’occasion de contempler d’autres œuvres que quelques toiles ornant les appartements de notables de Königsberg. Un contraste saisissant entre l’horizon minuscule de son existence et l’infini qui orientait son questionnement : que puis-je connaître, que dois-je faire, que m’est-il permis d’espérer..
On soupçonne tout de même une petite amourette, selon l’interprétation d’un billet peut-être équivoque retrouvé dans ses affaires. Ce qui est parfaitement attesté, en revanche, c’est qu’il a inventé le porte-jarretelles ! Ce n’était pas à des fins galantes, mais parce qu’il était obsédé par la circulation sanguine. Pour éviter de l’entraver par des rubans qui auraient attaché ses bas, il suspendait ceux-ci à des cordelettes élastiques passant par ses poches et montés au niveau de sa ceinture sur un barillet à ressort !
Certes, Kant est plus connu aujourd’hui pour sa Critique de la raison pure, qui détermine les conditions de possibilité de la connaissance. Il est aussi reconnu à travers sa philosophie morale qui culmine dans la découverte de l’impératif catégorique. Cette conscience d’une injonction universelle que chacun porterait en lui : j’ai le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi”, selon Emmanuel Kant. Cela devait lui suffire, puisqu’il est mort en prononçant ces mots : Tout est bien.
A lire La folle journée du Professeur Kant racontée et publiée dans la collection Les petits Platons avec des illustrations de Laurent Moreau
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