Le Premier ministre a présenté hier devant l’Assemblée nationale son plan de sortie du confinement. Comme lors de ses dernières interventions, je l’ai trouvé sérieux, sobre, pédagogue. Avec une qualité assez rare : quand il ne sait pas, il le dit, ce qui est une preuve de respect à notre égard. Une chose pourtant me chiffonne, ainsi que de nombreux croyants. Alors que nous allons pouvoir reprendre les transports en commun dans des conditions qui, espérons-le, sauront préserver les impératifs sanitaires, mais qui montreront le sous-dimensionnement de certaines lignes de métro ou de trains de banlieue, les cultes sont encore interdits jusqu’au 2 juin. Après avoir été privés de Pâques, les catholiques manqueront la célébration de l’Ascension et, à deux jours près, de la Pentecôte.
Il y a une incohérence à accepter la libéralisation de l’utilisation des transports, avec les précautions sanitaires en vigueur, et le refus de rouvrir les lieux de culte. D’autant que, par exemple, l’Église catholique a fait preuve d’un sens de la discipline exemplaire, et qu’il est plus facile de respecter les distances physiques dans une église que dans un train… Pourquoi donc cette discrimination négative des lieux de culte ? Je ne crois nullement que ce soit, de la part des gouvernants, une volonté de stigmatiser les croyants. Je pense en revanche qu’à l’heure où l’état sanitaire du pays demeure fragile, il y a la volonté politique de prendre le moins de risques possibles. Or, comme dans certains endroits du territoire, et pas que les banlieues, le confinement a été bien moins respecté, on peut craindre que toutes les communautés, localement, ne jouent pas le jeu de manière aussi sérieuse.
J’irai plus loin en vous soumettant une hypothèse : serait-ce parce que le gouvernement est moins sûr de la manière dont certaines mosquées, notamment intégristes, ou plus accessoirement certains lieux de culte évangéliques très fréquentés, respecteraient les consignes que l’ouverture de tous les lieux de culte est repoussée ? Évidemment, une discrimination entre les religions contreviendrait totalement à nos principes juridiques et serait irrecevable. Mais, il y aurait eu une possibilité, certes pas agréable, mais qui aurait permis de ne pas attendre : la présence d’un agent public dans chaque assemblée, quel que soit le culte, pour s’assurer que les normes sont bien respectées et interdire, le cas échéant, les rassemblements des contrevenants. Jouer la carte de la responsabilité de chacun eut été plus conforme au discours du gouvernement. Et plus respectueux de la place des religions dans la cité.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !