Cette semaine, le Père Raphaël Buyse nous partage la vie et l'expérience spirituelle et missionnaire de Madeleine Delbrel, qu'il connait bien puisqu'il lui a consacré un livre « toute cette foule dans notre cœur » quelques pas avec MADELEINE DELBREL. Elle fait l'objet actuellement d'un procès de béatification.
Pour ses chroniques, Le père Raphël Buyse s'est appuyé sur le livre « L’éblouie de Dieu – les plus beaux textes de Madeleine Delbrêl » dont sont tirés tous les extraits.
Extrait : p. 32
L’Evangile est le livre de la vie du Seigneur, il est fait pour devenir le livre de notre vie. Il n’est pas fait pour être compris mais pour être abordé comme un seuil de mystère. Il n’est pas fait pour être lu, mais pour être reçu en nous. Chacune de ses paroles sont esprit et vie. Agiles et libres, elles n’attendent que l’avidité de notre âme pour fuser en elle. Vivantes, elles sont elles-mêmes comme le levain initial qui attaquera notre pâte et la fera fermenter d’un mode de vie nouveau. Les paroles et les livres humains se comprennent et se soupèsent. Les paroles de l’Evangile sont subies et supportées.
Nous assimilons les paroles des livres. Les paroles de l’Evangile nous pétrissent, nous modifient, nous assimilent pour ainsi dire à elles. Les paroles de l’Evangile sont miraculeuses. Elles ne nous transforment pas parce que nous leur demandons de nous transformer. Mais dans chaque phrase de Jésus, dans chacun de ses exemples, demeure la vertu foudroyante qui guérissait, purifiait, ressuscitait. A la condition d’être, vis-à-vis de lui, comme le paralytique ou le centurion, d’agir immédiatement en pleine obéissance.
L’Evangile de Jésus a des passages presque totalement mystérieux. Nous ne savons pas comment les passer dans notre vie. Mais il en est d’autres qui sont impitoyables, limpides. C’est une fidélité candide à ce que nous comprenons qui nous conduira à comprendre ce qui reste mystérieux. Si nous sommes appelés à simplifier ce qui nous semble compliqué, nous ne sommes, en revanche, jamais appelés à compliquer ce qui est simple. Quand Jésus nous dit : « ne réclame pas ce que tu as prêté », ou « oui, oui, non, non, tout le reste est du Malin », il ne nous est demandé que d’obéir… et ce ne sont pas les raisonnements qui nous y aideront. Ce qui nous y aidera, ce sera de porter, de « garder » en nous, au chaud de notre foi et de notre espérance, la parole à laquelle nous voulons obéir. Il s’établira entre elle et notre volonté comme un pacte de vie.
Quand nous tenons notre Evangile dans nos mains, nous devrions penser qu’en lui habite le Verbe qui veut se faire chair en nous, s’emparer de nous, pour que son cœur, greffé sur le nôtre, son esprit branché sur notre esprit, nous recommencions sa vie dans un autre lieu, un autre temps, une autre société humaine. Approcher l’Evangile de cette façon-là, c’est renoncer notre vie pour recevoir une destinée qui n’a pour toute forme que le Christ.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !