L'extrait commenté est tiré du livre Le Royaume de Paix,p.50, de Stanley Hauerwas.
"La conception moderne a fait de la liberté le contenu de la vie morale elle- même. Ce qui importe, ce n'est pas l'objet de nos désirs, mais le fait même de désirer. Nous devons nous libérer en nous dégageant de tout conditionnement afin de pouvoir toujours garder toutes les options ouvertes. Nous sommes ainsi devenus les bureaucrates de notre histoire personnelle, cherchant à ne jamais être tenu pour responsables d'une décision.
Quand nous réfléchissons à notre vie passée, nombre de nos décisions, que nous avions cru prendre tout à fait librement, nous apparaissent désormais beaucoup plus prédéterminés que nous ne le pensions. Nous disons alors : « si seulement j'avais su à ce moment-là ce que je sais aujourd’hui ! » En affirmant ainsi que nous ne sommes pas responsables de notre passé, nous imaginons pouvoir vraiment agir « en toute liberté » la prochaine fois. Par conséquent, nous avons tendance à penser que la vie morale et la réflexion éthique concerne les décisions futures et l'établissement des conditions nécessaires pour que ces décisions soient libres. Nous ne voyons pas que la position morale la plus importante est rétrospective, précisément parce que, par le souvenir et l'acceptation, nous apprenons à nous approprier notre vie – y compris les décisions qui, après coup, paraissent comme moins libres. Le paradoxe, c'est que ma liberté dépend en fait de ma capacité à m'approprier les décisions que je n'ai pas posé par un « libre choix » mais dont je ne peux pas me débarrasser."
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