La réforme risque d'être explosive. D'abord par la méthode : Emmanuel Macron a prévu de faire passer ses réformes par ordonnances. Mais la réforme est aussi particulière par le contexte : cette modification du Code du travail fait suite à la loi El Khomri de l'année dernière. L'économiste à l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques Eric Heyer revient avec nous sur les enjeux et les méthodes de cette réforme.
Même si la loi passe par ordonnances, il ne faut pas ignorer le dialogue social selon Eric Heyer. Pour qu'une réforme soit efficace, il faut qu'elle soit comprise et acceptée. L'économiste à l'OFCE s'inquiète d'un dialogue social "express" qui braquerait les syndicats.
Le retour du plafonnement des indemnités de licenciements est un problème. Cette proposition qui avait provoqué une levée de bouclier chez les syndicats et les juges prudhommaux lors de la présentation de la Loi Travail l'année dernière avait finalement été retirée. Eric Heyer redoute que cette proposition relance de nouvelles manifestations.
Cette inversion de la hiérarchie des normes inquiète les syndicats. Le fait de faire primer les accords d'entreprise sur les accords de branche pourrait moins protéger les salariés des entreprises dans lesquelles il n'y a pas ou peu de syndicats. Eric Hayer évoque la crainte d'une course au "moins-disant social" entre les entreprises.
Un grand nombre d'entreprises n'ont pas de représentant syndical. C'est notamment le cas dans les entreprises de moins de 10 salariés, où sa présence n'est pas obligatoire. Pour Eric Heyer, si l'on veut rapprocher la prise de décision de l'entreprise, il va falloir améliorer le dialogue social au sein de l'entreprise.
L'économiste évoque notamment le modèle rhénan avec une cogestion des entreprises. En Allemagne, les syndicats sont présents au conseil d'administration. Il évoque aussi l'idée d'un renforcement des taux de syndicalisation.
Il faudra faire preuve de pédagogie pour faire passer cette réforme. La situation diffère tout de même de celle de la loi El-Khomri, car la réforme voulue par Emmanuel Macron passe en début de mandat avec un président dont la popularité est encore élevée.
Il s'agit également d'une promesse de campagne. Contrairement à la réforme menée par Myriam El-Khormi qui n'était pas dans la liste des promesses du candidat Hollande. De plus, la situation économique est légèrement meilleure qu'en 2016. Pour Eric Heyer, il sera donc "plus simple" de faire passer ces réformes du marché du travail.
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