Caroline Chariot-Dayez peint des plis depuis 15 ans. A l’occasion de l’exposition « Plis célestes », qui intègre la collégiale de Dinant jusqu’au 16 septembre 2022, nous la recevons pour parler de son art, tant réaliste que mystique. Au détour de notre conversation, la plasticienne nous fait rencontrer Platon, évoque Simone Weil et tisse le lien si singulier qui unit l’esthétique au sacré.
Encerclant la nef de l’impressionnante collégiale de Dinant, les œuvres de Caroline Chariot-Dayez, peintures de tissus lumineux en lévitation sur un fond blanc, portent des titres évocateurs : Ecce Homo, Le consentement, Brûlant au-dedans… Autant de thèmes qui renvoient à l’expérience religieuse, intrinsèquement liée, pour notre invitée, à celle de l’art. « La peinture, dit-elle, est une forme de louange. Je peins pour contempler, et je peins parce que c’est beau. ».
Cette épreuve du beau, qu’elle soit vécue en peignant ou en se retrouvant face à une œuvre, produit, pour Caroline Chariot-Dayez, le silence. « Lorsque vous êtes émerveillée par quelque chose, vous vous taisez ». Un tel silence est signe du cœur du religieux tel que l’artiste le décrit : la joie ressentie alors que le moi se retire. « Je connais une joie lorsque je peins, et cette joie apparait au moment où j’ai disparu en tant que personne », précise-t-elle.
Je connais une joie lorsque je peins, et cette joie apparait au moment où j’ai disparu en tant que personne
Ce postulat théologique ne doit pas être étranger aux oreilles chrétiennes, car la peintre reconnait elle-même que son langage pictural est pétri de sa foi. Elle développe : « Je me suis rendu compte que peindre était une expérience spirituelle semblable à la prière : vous êtes emporté loin de vous-même, libéré de l’ego, et pourtant profondément heureux. J’en viens même à dire aujourd’hui que c’est une expérience de résurrection ».
Le réalisme de ses peintures est aussi de l’ordre du retrait, car il n’est pas possible pour Caroline Chariot-Dayez d’imaginer ex nihilo la forme des plis et les effets d’ombres qui les accompagnent : il lui faut un modèle. « Je prends un drap blanc, je le pose dans la lumière et cela m’arrive aussi de le photographier quand la lumière ne peut pas rester », détaille-t-elle. Si bien que l’exercice de la peinture est déjà contemplation et oubli de soi : « Les ombres et les lumières sont impossibles à prévoir, elles ne peuvent être inventées, c’est pourquoi il me faut un modèle ».
Liens utiles :
https://cipar.be/2022/06/07/exposition-plis-celestes-de-caroline-chariot-dayez-a-dinant/
http://www.chariot-dayez.com/tableaux/
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