Des mises à jour qui rendent nos téléphones inutilisables aux objets avec des pas de vis constructeurs, l’obsolescence programmée peut prendre de multiples formes. Comment se mobiliser ?
L’obsolescence programmée peut prendre des formes variées comme le souligne Gilles Reynaud, président de l’association Repair Café Paris : "les barrières techniques à la réparation en sont une forme. Les formes des vis par exemple peuvent être faites pour éviter qu’on ouvre l’appareil". Les constructeurs peuvent aller plus loin et concevoir l’appareil de façon à ce qu’aucune pièce ne soit remplaçable. De son côté, Alissa Jemaï, responsable du pôle projets pour l’association WeeeFund, note : "on la rencontre au quotidien. C’est un concept économique né pour faire consommer. Elle peut également être logicielle, sur des smartphones par exemple, les mises à jour ne se font plus au bout d’un certain temps alors que le téléphone fonctionne encore". Certains constructeurs "procèdent à un blocage logiciel lorsque l’on remplace une pièce du téléphone. Ils justifient cela par une protection de la propriété intellectuelle, mais c’est inadmissible" lance Gilles Reynaud.
Pour le président de l’association Repair Café Paris, "tout est réparable. Ce n’est pas parce qu’on peut remplacer facilement qu’il ne faut pas réparer". Pour un produit comme un grille-pain, le coût de remplacement ne sera peut-être que d’une vingtaine d’euros, mais le coût écologique lui est bien plus important. Réparer est une habitude à prendre, et l’association WeeeFund a décidé de mettre le reconditionnement de matériel au service d’une action sociale et écologique. Alissa Jemaï affirme que le but est "de valoriser du matériel qui aurait été jeté et de le mettre à disposition de personnes qui n’ont pas les moyens d’accéder au numérique". L’association a mis en place un programme baptisé WeeeJob qui équipe les chercheurs d’emploi, les forme et leur fournit un ticket de maintenance permettant de faire réparer leur matériel pendant trois ans.
"Je crois au pouvoir de la contrainte sur les entreprises, il faut faire des lois communes en Europe et contraignantes pour forcer les entreprises à agir" affirme Alissa Jemaï. Les habitudes de production des entreprises doivent évoluer. Gilles Reynaud raconte que "lorsque les constructeurs proposent des garanties, ils remplacent l'appareil plutôt que de le réparer". Depuis 2015, une loi sur l’obsolescence programmée s’applique aux entreprises, mais elle concerne surtout l’usure prématurée des pièces. Gilles Reynaud note qu’il faut aller plus loin : "la priorité doit être l’usage et pas la vente pour la vente. Il faut remettre l’usage au cœur de la valeur d’un produit, aujourd’hui tout ce qui compte c’est de faire consommer". Alissa Jemaï explique à son tour que ce changement est nécessaire et qu’il "remet en perspective l’idée d’une croissance infinie qui pousse à consommer toujours plus".
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