Au cours de cette semaine les cinq chroniques de Mémoire des pères du Père Bernard Bougon nous feront découvrir comment Ignace de Loyola a pris conscience de sa vocation et ce qu’il en est advenu. Pour cela nous entendrons de brefs extraits de son autobiographie, écrite à la 3ème personne du singulier, intitulée le Récit du pèlerin, extraits lus par Frédéric Folcher. Ce sera pour chacun de nous l’occasion de réfléchir à sa vocation propre.
extrait :
« En lisant la vie de Notre Seigneur et des saints il s’arrêtait pour penser : « Que serait-ce si je faisais ce qu’a fait saint François et ce qu’a fait saint Dominique ? ». Et il réfléchissait ainsi à de nombreuses choses difficiles et pénibles ; quand il se les proposait, il lui semblait trouver en lui la facilité pour les réaliser.(…) Ces pensées duraient elles aussi un bon moment … auxquelles succédaient les pensées du monde… Et cette succession de pensées si diverses dura pour lui un long temps, et il s’attarda toujours à la pensée qui se présentait, … jusqu’à ce que fatigué… il porte son attention à d’autres choses.
Il y avait pourtant cette différence : quand il pensait à cette chose du monde il s’y délectait ; mais quand ensuite, fatigué, il la laissait, il se trouvait sec et mécontent. Mais quand il pensait aller nu-pieds à Jérusalem, …, (et) à faire toutes les autres austérités qu’il voyait avoir été faites par les saints, non seulement il était consolé quand il se trouvait dans de telles pensées, mais encore après les avoir laissées, il restait content et allègre. Mais il ne faisait pas attention à cela… jusqu’à ce que une fois, il commença à s’étonner de cette diversité et à faire réflexion sur elle ; saisissant par expérience qu’après certaines pensées il restait triste et après d’autres allègre, il en vint peu à peu à connaître la diversité des esprits qui l’agitaient, l’un du démon, l’autre de Dieu. Et ayant acquis de cette lecture une lumière non négligeable, il commença à penser plus sérieusement à sa vie passée et à la grande nécessité où il était d’en faire pénitence… (Quelque temps après), son frère et toutes les autres personnes de la maison en vinrent à connaître par l’extérieur le changement qui s’était fait dans son âme intérieurement.»
Il a fallu à Ignace de Loyola de longues semaines pour qu’il fasse cette découverte : que nos pensées associées à notre désir ne sont pas également profitables. Certaines nous dynamisent, d’autres au contraire sont marquées du sceau de la tristesse et du repli sur soi. Certaines nous tournent vers la vie, d’autres au contraire sont mortifères. Devenir sans cesse plus attentif aux pensées qui dynamisent comme à celles qui agissent en sens contraire et les interpréter voilà le secret du discernement spirituel. A nous de choisir les premières. Elles sont un chemin vers Dieu, et identiquement un chemin vers une plus grande authenticité de soi-même. Ignace en a fait l’expérience : cette découverte spirituelle le transforme. Ceux qui le visitent ou le servent en sont témoins. En effet, le temps qu’il passe avec eux est désormais consacré, selon ses propres mots, « aux choses de Dieu, grâce à quoi, il faisait du bien à leurs âmes ». Faire du bien aux âmes, Ignace ne le sait pas encore, cela va se révéler être sa vocation.
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