J-17 avant le premier tour de l’élection présidentielle en France. Focus aujourd’hui sur le thème de l’énergie. Un enjeu qui apparaît de manière encore plus cruciale à l’aune de la guerre qui s’est déclarée en Ukraine à la fin du mois de février dernier. Etat des lieux de la situation énergétique en France, et des défis qui se posent aujourd’hui.
La guerre en Ukraine vient souligner l’importance des questions sur l’énergie. "Le défi climatique est planétaire. Cela demande une coopération et une solidarité. Tout est lié. Sur le sujet climat, l’humanité est face à un défi vertigineux. Au-delà du drame humain, la guerre que nous avons à nos frontières est un exemple du délabrement de la coopération internationale. Cela montre la capacité qu’a l’homme à agresser l’homme, alors qu’il faudrait de la coopération" explique Michel Lepetit, vice-président du Shift Project, un think tank visant à réduire la part des énergies fossiles.
Pour ce dernier, cette guerre montre également que "lorsqu’il faut se passer des énergies fossiles, on peut le dire par des mots. Mais qu’en réalité, c’est plus compliqué. Et malheureusement, collectivement, les politiques ont du mal à évoquer ce sujet. L’énergie fossile est une chose essentielle dans notre société depuis plus de deux siècles. Et que la transition sera un défi majeur. La guerre révèle notre impuissance et notre incapacité".
Pour Marie Dégremont, docteur en sciences politiques, spécialiste des questions de transition énergétique, cette crise ukrainienne exacerbe notre vulnérabilité alors que nous étions dans une phase de reprise économique, de renouveau industriel. "40% de l’énergie fossile, c’est du gaz industriel" lance-t-elle. "C’est donc un défi économique qui est porté à notre pays dans un monde où les rapports de force prévalent. C’est une chose qui nous fragilise. Si l’on veut rester une puissance internationale, il faut y remédier" ajoute-t-elle.
"Cette guerre nous fait réaliser notre dépendance aux énergies fossiles. Elle nous montre que nous sommes face à une double crise climatique et géopolitique" ajoute Zélie Victor, responsable énergétique au Réseau Action Climat. Actuellement, 13% du pétrole français vient de Russie. 20% du gaz français vient aussi de Russie. Et 30% pour le charbon. Un contexte qui révèle, selon elle, qu’il y a "urgence à agir et à sortir des énergies fossiles".
Une situation qui pousse ces acteurs à s’interroger sur des solutions concrètes. Pour Zélie Victor, tout passera par la sobriété. "Repenser les usages, repenser la consommation, repenser notre usage à l’énergie. Il y a des plans qui sont faits. L’Agence internationale de l’énergie a proposé des mesures de sobriété dans les transports pour réduire notre consommation. Plus de covoiturage, plus de télétravail. Des mesures existent. Ce moment nous permet de nous poser la question, d’avoir du courage politique, de les faire appliquer et de les faire exister" lance-t-elle.
Michel Lepetit conclut en rappelant qu’il est bon de se rassurer dans des périodes comme cela. Et qu’il est bon de regarder l’histoire. "Dans le passé, nous avons déjà eu des moments de crise comme ça. Et on a pris des mesures. Notamment après le premier choc pétrolier. Et les efforts se sont évanouis. Il faut se projeter à long terme et poursuivre les efforts. Des mesures qui réclament un accompagnement des politiques publiques" lance-t-il sur RCF.
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