Thomas Golsenne nous parle de Daniel Arasse, dont il fut l’élève. Plus précisément, nous explorons dans cette interview une thèse audacieuse de l’historien de l’art mort en 2003, défendue dans Le Portrait du Diable : l’observation d’un basculement idéologique, au XVe siècle, qui transforma la manière dont le mal fut représenté en peinture…
Thomas Golsenne, lui-même historien de l’art et maître de conférence à l’Université de Lille, a suivi les cours de celui qui fut directeur d’études à l’EHESS et dévoré ses écrits. Il est l’auteur de la préface du texte d’Arasse publié chez Arkhé, Le Portrait du Diable (2021), point de départ de notre rencontre. Pour Tu m’en liras tant, il nous explique avec passion la spécificité de la méthode arassienne, et commente l’étude que son professeur a faite de la représentation du Diable. Selon Arasse, l’épanouissement des idées humanistes durant la Renaissance a transformé la manière dont fut pensé et peint le mal.
La représentation du diable comme être hybride vise à le montrer comme l’altérité totale par rapport à l’humain, qui lui est considéré comme parfait puisqu’il a été créé à la ressemblance de Dieu.
Entre le XIIe et le XIVe, le diable est un être composite et monstrueux. « La représentation du diable comme être hybride, nous dit notre invité, vise à le montrer comme l’altérité totale par rapport à l’humain, qui lui est considéré comme parfait puisqu’il a été créé à la ressemblance de Dieu ». Dans le courant du XVe, le ton change : le Diable n’est plus l'Autre, mais une potentialité humaine. L’homme, puisqu’il est libre, peut décider d’être ou divin ou diabolique. Ainsi, le Minos de Michel Ange est-il un parfait Homo sapiens : il porte les traits de Biagio de Cesena, maitre de cérémonie du Vatican sous Paul III, qui eut l’impertinence de critiquer le travail du génie florentin...
https://www.arkhe-editions.com/livre/portrait-du-diable/
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