« Grandir dans ma province avec Saint-Étienne juste à côté, en 1976, c’était habiter Naples au pied du Vésuve, c’était savoir que le cœur de l’univers avait soudain été déplacé, qu’il se rapprochait de nous mais sans nous inclure, et c’est pour cela que l’on se levait, pour voyager, franchir la frontière et ressentir l’appartenance au monde. Là-bas, juste à côté, Saint-Étienne avait les Verts, la ville avait cette fièvre, un pays venu prendre son pouls, et sous ses yeux la classe ouvrière mourait en chantant “Qui c’est les plus forts ?” » (V. Duluc)
Vincent Duluc - Un printemps 76 - Stock - 18 €
Leader de la rubrique football dans le journal l’Equipe, journaliste attitré des pérégrinations de l’Olympique Lyonnais, Vincent Duluc est sûr d’avoir été à Geoffroy Guichard - juste derrière le grillage du kop Nord - le 17 mars 1976, lors du match retour de la Coupe d’Europe Saint-Étienne - Dynamo de Kiev.
A Saint-Étienne, en France et dans le monde il y a ceux qui étaient là et les autres. Ceux qui ont vu (alors qu’à vingt-sept minutes de la fin, l’Ukraine était en demi-finale) Blokhine, superbe de suffisance se faire chiper la balle par Lopez, Lopez-Piazza, Piazza-Revelli, but ! Dans la foulée Larqué re-marque, prolongations et à six minutes de la fin Rocheteau plante le troisième. Trois-deux sur les deux matchs, Saint-Étienne qualifié. Le stade en délire, Saint-Étienne en délire, la France entière en délire. Des millions de gens sûrs d’avoir été derrière les buts de Curkovik ce jour bénit. Vincent Duluc comme les autres. Emporté par cette folie, lui, l’enfant de Bourg-en-Bresse, le futur journaliste fétiche de l’Olympique Lyonnais en gardera une passion déjantée pour les Verts et quarante ans après le fera savoir au monde.
« Grandir dans ma province avec Saint-Étienne juste à côté, en 1976, c’était habiter Naples au pied du Vésuve, c’était savoir que le cœur de l’univers avait soudain été déplacé… ».
Ce 17 mars 76 Vincent avait treize ans. « Il n’était pas facile pour un fils de profs d’être un cancre ». Ses parents professaient à Saint-Étienne et lui ne fichait rien à l’école. Les mercredis après-midi, ses affaires dans son étui à guitare, il disait aller faire de la musique chez un copain et en route pour le stade. Entre ses langueurs d’ado « je suis un enfant de l’ennui » et le bonheur de s’adonner à sa passion du football, Vincent Duluc met aujourd’hui son cœur à nu. De grands moments de vraie littérature. Après Jorge Semprun, un nouvel écrivain se penche donc sur notre passé. Notre passé Vert, avec son ange Vert, son ange Blanc (cantonné au Vel’ d’Hiv celui-là) et aussi ses gueules Noires. Son monde de la mine, des usines, du charbon, du fer, de la sueur et du travail.
Il nous aura fallu attendre que ce soit un Lyonnais - certes d’adoption mais Lyonnais quand même - qui nous fasse ce cadeau ! Même si, et c’est lui qui met le frein à main : «Ceux qui ont une double vie changent de peau entre Givors et Rive-de-Gier. »
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