Le “Parcours Street Art" fête déjà ses 10 ans à Bruxelles. L’année 2023 sera marquée par la diversité. Une diversité aussi bien au sein des artistes que des lieux. À cette occasion nous avons rencontré Delphine Houba, échevine de la culture de la ville de Bruxelles qui a décidé de fêter cette décennie “en grande pompe”. Elle nous a parlé des festivités au programme et des différents enjeux de cet événement.
L’échevine est fière de nous présenter neuf nouvelles fresques qui bordent les murs de tout Bruxelles, pas seulement dans le centre ville. Des visites guidées dans trois langues sont également organisées pour découvrir les fresques de Bruxelles(FR/NE/ENG), ainsi qu’une soirée de clôture dès le 6 octobre prochain à Reset, rue de la Banque 7.
La place de la femme, que ça soit dans le milieu du street art ou dans la société en général, a un intérêt tout à fait particulier pour l’échevine bruxelloise. Elle le dit :
On est malheureusement loin d’une parité égale entre les hommes et les femmes […] il y a encore du chemin à faire. Mais en 2023, 60% des fresques du parcours sont réalisées par des femmes. C’est comme ça qu’on commence à rééquilibrer la présence des artistes femmes.
Un mouvement sans artiste féminin serait une absurdité et ne saurait rendre hommage à l’entièreté du mouvement street art. Les femmes dans ce milieu sont moins présentes, mais elles existent malgré tout. Il faut donc mettre la lumière sur elles, tout comme sur toutes les femmes de la société.
La culture reflète la réalité de Bruxelles et la réalité de notre monde. Il est donc évidemment fondamental que tous les membres de la société soient représentés, conclut l’échevine.
Voilà un autre point qui tenait à coeur notre échevine de la culture. La décentralisation des fresques est le deuxième enjeu majeur de cet événement. L’échevine insiste sur ce point : il faut que “tous les quartiers aient accès au street art”. Elle ne souhaite pas à dénigrer les fresques dans le centre ville de Bruxelles, qui permettent notamment de faire vivre le tourisme. Mais elle tient à ce que l’art soit présent dans l’entièreté de la ville afin d’“emmener la culture au coeur de nos quartiers”.
Le parcours va par exemple permettre d’inaugurer une fresque à Haren, dans une démarche collaborative qui plus est, afin de faire participer les habitants de la commune. Un geste qui s’inscrit encore une fois dans l’objectif principal de promouvoir la diversité. C’est à dire, en incluant tous les acteurs de ces oeuvres, y compris ceux qui font vivre les fresques : le public.
Delphine Houba le rappelle, il y a une nuance entre l’art du graffiti et le street art. Le graffiti est "plus sauvage”, il est illégal. Tandis que le street art répond à des commandes de la ville, une pratique donc légale et rémunérée. Le graffiti reste pourtant bien évidemment de l’art, réalisé par des artistes anonymes et bénévoles qui colorent nos rues par passion, sans rémunération.
L’idée est alors de contacter ces artistes pour leur proposer de participer au projet et d’y recevoir un gain financier, “pour permettre à ces artistes de vivre de leur art”.
Toutefois, cette professionnalisation questionne la légitimité de ces artistes du street art qui risquent alors de s’éloigner de l’origine du graffiti : exprimer leur désaccord envers les injustices de la société et d’être en marge de toutes institutions étatiques.
L’Art, c’est universel. Jusqu’ici on ne vous apprend rien. Le street art et le graffiti en général sont donc naturellement un moyen d’expression que l’on retrouve dans presque toutes les villes du monde. Mais qu’est-ce qui différencie les graffitis d’une ville de ceux d’une autre alors ? Quand on pose la question à Delphine Houba, sa réponse est certaine et assurée quant à la pâte bruxelloise :
La diversité fait la richesse de nos fresques. On a des artistes qui viennent du monde entier. Des hommes, des femmes. Des artistes qui débutent, d’autres plus accomplis. C’est cela qui fait la force de Bruxelles, c’est sa diversité.
Rendez-vous avec l'information bruxelloise, tous les jours à 12h30 et 17h30
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !