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"Agricultrice, je serai un lien vivant… entre vous et la terre"

RCF, le 2 mars 2020 - Modifié le 6 mars 2024

Elle sait que le métier est rude, que les attentes des consommateurs sont fortes et les enjeux écologiques importants: malgré cela Lison se dit qu'elle la chance d'être bientôt agricultrice.

niklas_hamann / Unsplashniklas_hamann / Unsplash

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Une chronique de Lison, élève en Terminale, filière agricole, à l'institut de Genech

Il y a quelques semaines, un matin, je vais à la salle de traite dans la ferme de mes parents. En enfilant mes bottes je tombe par hasard sur une paires de bottes noires, taille 27. C’est comme un flash ! Je me revois, petite, ces bottes aux pieds, jouant dans la cours de la ferme. Et je me rappelle qu’à cet âge-là, déjà, je voulais être agricultrice.

Plein de choses m’attirent depuis toujours dans cet environnement : la relation entre les animaux et l’homme, être proche de la nature, la vraie - pas celle qu’idéalisent ceux qui vivent en ville ; être autonome ; organiser mon propre emploi du temps, ne pas être dépendante d’un patron...

Je vis dans un village où la plupart des 800 habitants sont issus de familles d’agriculteurs. On se connaît, on s’entraide, il y a des liens, de la solidarité… Notre ferme est à l’écart du village au milieu des champs, mais nous ne sommes pas pour autant isolés.

En classe de Troisième, il a fallu faire un choix d’orientation. Les professeurs ont voulu me dissuader d’aller en filière agricole, ils me conseillaient de faire des études scientifiques. Pour eux ce métier n’avait pas d’avenir, ils ont pris rendez-vous avec mes parents pour tenter d’éviter ce qui était, selon eux, une erreur. Mais j’ai tenu bon et ne le regrette pas. C’est une formation riche, ouverte sur le monde extérieur. Et en plus j’ai la chance d’être dans un cadre exceptionnel. Je ne pourrais pas faire des études hors-sol pour vivre ensuite hors sol.

C’est peut-être cela le malaise des 57% d'urbains qui, selon un sondage IFOP, disent qu’ils aimeraient quitter la ville, pour recommencer une nouvelle vie à la campagne. Avec la crise écologique, beaucoup prennent conscience que leur corps est constitué à partir de ce qu’ils mangent et ce qu’ils mangent vient de la terre. Et ils se rêvent, travaillant la terre, respirant l’air pur et vivant de leur production idéalement bio.

Mais le métier d’agriculteur ne s’improvise  pas, c’est rude au quotidien. Sinon, tant de gens n’auraient pas déserté les campagnes pour aller vers les villes. Il faut  des connaissances, des savoir-faire, des savoir-être. On aura toujours besoin d’agriculteurs dans les années à venir : tout le monde ne pourra pas vivre en autoproduction.

En choisissant ce métier, j’ai conscience qu’il va vivre des révolutions à cause du réchauffement climatique, de la chute de la biodiversité, de la transition énergétique. J’ai conscience aussi de la chance que j’aurai, d’être à votre service, sans même vous connaître, vous qui m’écoutez, et de produire pour vous ce que vous mangerez.

Je serai un lien vivant… entre vous et la terre. 

 

 

 

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