A partir du 1ᵉʳ octobre sera célébré le centenaire de L'action chrétienne en Orient, à Paris et à Strasbourg. Né en 1922 pour soutenir les Arméniens persécutés, L'action chrétienne a trouvé de nombreux autres combats depuis. Avec les conflits récurrents au Proche et Moyen Orient, les chrétiens figurent bien souvent parmi les victimes de ces conflits. La célébration débutera à Strasbourg à 14h, samedi au Temple neuf. Et pour en parler aujourd'hui, nous recevons Mathieu Bûche, pasteur à l' Union des Églises protestantes d'Alsace Lorraine (UEPAL).
RCF Alsace : Le thème que vous avez choisi comme fil rouge de ce centenaire c'est “un avenir d'espérance”. Malgré l'actualité, êtes-vous confiant pour l'avenir des chrétiens d'Orient ?
Mathieu Bûche : C'est un grand mot "confiant" à vue humaine et c'est difficile avec les crises qui sont nombreuses. Mais l'espérance s'enracine dans la foi pour nous, pour nos frères et sœurs chrétiens du Proche Orient. Dans leur crise et dans tous les défis auxquels ils doivent faire face (on voit mal les issues, au niveau humain, au niveau politique, au niveau social) l'espérance en Dieu permet d'agir.
RCF Alsace : Vous avez, parmi les différents événements que vous proposez, une rencontre avec des pasteurs qui sont témoins, qui exercent au Proche Orient.
Mathieu Bûche : Oui, toute une délégation va arriver de différents pays : pasteurs et laïcs, hommes et femmes et des personnes qui vont venir de Syrie, du Liban, d'Iran ; des pays qui font l'actualité.
RCF Alsace : C'est peut être, pour le Proche-Orient en tout cas, la Syrie et le Liban, où la situation est le plus tendue pour toute la population, les chrétiens et les autres. La Syrie avec depuis dix ans maintenant, la guerre et ses suites et le Liban qui s'enfonce de plus en plus dans une crise économique notamment. J'imagine que vous avez choisi ces deux pays là pour ça?
Mathieu Bûche : Oui, nos liens depuis 100 ans sont enracinés dans ces pays-là. D'abord en Syrie, puisque c'était à Alep que le secours aux Arméniens, réfugiés rescapés du génocide, avait démarré et que le premier centre de la CO de l'action créé en Orient avait été fondé. Ensuite les engagements, la mission s'est étendue au Liban, après la Deuxième Guerre mondiale, puis dans les années 50-60 en Iran. On a aussi d'autres actions en Arménie, en Egypte. Mais, le cœur historique, ce sont ces trois pays : Iran, Syrie, Liban. Et les délégués viennent essentiellement de ces pays-là. Pour cette grande rencontre, on veut se positionner ou s'intéresser à ce qui se passe aujourd'hui et à l'avenir. On aura des tables rondes au Temple-Neuf, par exemple : “l'Eglise d'Iran en exil”, où la situation des chrétiens est complexe.
RCF Alsace : Les gens en parlent un peu, qu'en est-il de la situation des chrétiens en Iran ?
Mathieu Bûche : En Iran, la place des chrétiens est très encadrée. Il y a une reconnaissance officielle pour une partie des églises qui sont reconnues comme ethnies, avec leurs propres lois et coutumes qui sont encadrées et surveillées. Mais il y a aussi toute une partie du christianisme qui n'est pas reconnue et qui est persécutée. Beaucoup d'Iraniens deviennent chrétiens de manière clandestine, notamment protestants évangéliques. Et nous, on est particulièrement en relation avec les quelques rares Églises protestantes de tradition réformée et presbytérienne, qui ont encore le droit d'exister mais qui sont vraiment sous pression. C'est un exploit d'avoir les visas. Les gens devraient arriver vendredi, mais nous ne sommes pas sûrs. Nous allons voir si tout le monde arrive bien. C'est tout un défi, mais c'est une joie aussi de se retrouver aussi après ces années de pandémie. On ne s'est pas trop vu, on était toujours en zoom, etc.
Le centenaire de L'action chrétienne en Orient, au Temple-Neuf à Strasbourg, à partir du 1ᵉʳ octobre
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