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Barbara Stiegler : "le gouvernement a accéléré la logique néo-libérale"

Un article rédigé par Antoine Bellier - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
La crise sanitaire bouscule nos représentations et notre rapport aux autres. L'occasion de réfléchir à ce qui nous affecte dans notre corps, et notre esprit.
Jean-Noël CassanJean-Noël Cassan

Il y a une manière philosophique d'aborder cette crise sanitaire. "La philosophie peut être une ressource car la situation est largement politique et sociale. [...] Le système de soin souffre d'une extraordinaire pénurie si on la rapporte à la richesse de notre pays, et à ce qu'était le système sanitaire français, l'un des plus robustes du monde" explique Barbara Stiegler.
 

La crise de l'hôpital, conséquence du néo-libéralisme

Certaines voix ont affirmé que la crise sanitaire était l'une des conséquences de la mondialisation et du libéralisme. "Le néo-libéralisme peut se déployer par de grandes politiques publiques, qui modifient les métiers, et qui instaurent une nouvelle culture. Les soignants sont soumis à une culture nouvelle, l'idée c'est que notre monde est structuré par une compétition mondiale, et qu'il faut donc être dans une logique de flux tendu, et éviter toute forme de stock" ajoute la philosophe, pour expliquer la crise de notre système de santé.

S'agissant du gouvernement, "il n'est pas l'unique responsable. Il s'agit de politiques menées dans le temps long, qui ont perduré sans discontinuer. On pourrait parler de la recherche, de l'éducation nationale, de l'université, elles-aussi concernées. Le gouvernement actuel n'a fait qu'accélérer des logiques en place depuis des décennies. C'est cette gestion néo-libérale que le gouvernement a accéléré".
 

Entrer dans une logique de combat

"Les causes de ce virus sont encore mal connues, mais on sait un certain nombre de choses. Ce virus s'explique par l'explosion des échanges, mais aussi par la dégradation des environnements. Il s'agit d'un virus qui vient de la faune sauvage et qui s'est répandu du fait de la proximité avec les habitats humains dans le contexte d'une dégradation des éléments naturels. C'est l'une des dimensions de la crise environnementale" rappelle la philosophe.

"On ne peut que se réjouir que beaucoup d'entre nous aspirent à un monde d'après. Le néo-libéralisme voudrait que tout notre état social se réforme pour s'adapter. Il y a une aspiration à autre chose. Mais il faut se méfier de cette réthorique sur le monde d'après car elle a quelque chose de la croyance en un miracle. Quand les choses reviendront à la normale, les mêmes personnes ne lâcheront rien. Si on veut qu'il se passe autre chose, on ne pourra l'obtenir qu'en entrant dans une logique de lutte, de combat" conclut-elle.

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