A quelques heures de la proclamation du Palmarès du 76 è Festival de Cannes, ce samedi soir, les pronostics vont bon train : à qui la Palme d’Or, à qui les prix de la mise en scène et du scénario, à qui les prix d’interprétation, à qui la Caméra d’Or.
Ne dérogeons pas à la tradition et livrons nous au jeu de ces pronostics forcément subjectifs !
A qui la Palme d’Or, tant convoitée et qui oriente la suite de la carrière de son lauréat comme le président du jury, Ruben Östlund, et l’un de ses jurés, Julia Ducourneau, tous deux déjà palmés par le passé, l’ont rappelé en ouverture du Festival ?
Un grand favori
L’Anglais Jonathan Glazer et son film glaçant d’effroi, « The zone of interest », qui évoque la Shoah sans la montrer, depuis le domicile voisin du commandant du camp d’Auschwitz, où le quotidien se déroule comme si de rien n’était, fait figure de favori incontournable.
Sinon, les autres candidats à la récompense suprême se bousculent au portillon. Citons d’abord deux habitués de Cannes, l’Américain Wes Anderson avec « Asteroid City » et l’Italien Nanni Moretti avec « Vers un avenir radieux ». Mais ils divisent plus la critique, le premier avec sa rhétorique visuelle inchangée film après film et le second toujours à la poursuite de ses propres démons (la mort, la psychanalyse, le parti communiste italien et, bien sûr, le cinéma).
Citons aussi deux vieux de la vieille. D’abord Wim Wenders, 78 ans (Palme d’or en 1984 avec « Paris, Texas »), et son « Perfect Days », sur les pas, à Tokyo, d’un homme à la routine ordinaire et dépouillée, invitation à réfléchir sur le sens à donner à notre vie. Et ensuite Ken Loach, déjà double Palme d’Or (« Le vent se lève » en 2006 et « Moi, Daniel Blake », en 2016) et « The Old Oak », l’histoire d’un pub dans la campagne anglaise menacé de fermeture suite à l’arrivée de réfugiés syriens, occasion pour le cinéaste anglais d’ausculter le racisme primaire et quotidien qui gangrène bel et bien notre société.
Une surprise toujours possible
Mais on pourrait encore citer, pêle-mêle, « Les feuilles mortes » du Finlandais Kaurismaki, une comédie dramatique sur la solitude de deux paumés orphelins de l’amour, ou « Les herbes sèches » du Turc Nuri Bilge Ceylan, l’histoire d’un enseignant coincé dans une bourgade d’Anatolie dans une Turquie gagnée par la lassitude d’espérer.
A moins qu’une grosse surprise qui pourrait avoir les traits du film chinois, « Jeunesse » de Wang Bing, un très long documentaire dans des ateliers de confection où est exploitée une jeunesse apparemment contente de son sort alors qu’elle semble pourtant sans aucun avenir.
Et s’ils n’ont pas la Palme d’Or, ces films pourraient se partager les autres prix, du Grand Prix Cannes, sorte de palme d’argent, au prix du jury, sorte de palme de bronze, en passant par les prix du scénario ou de la mise en scène.
Prix d’interprétation
Quant aux prix d’interprétation, ils pourraient aller à Deniz Celiloglu, l’acteur du film turc de Ceylan, ou à Jude Law, terrifiant en Roi Henri VIII dans « Firebrand » du Brésilen Karim Aïnouz, chez les acteurs ; tandis que Sandra Hüller, l’actrice allemande du film « The Zone of Interest » de Jonathan Glaser, également à l’affiche de « Anatomie du chute » de la Française Justine Triet, fait figure de favorite chez les actrices, aussi bien pour l’un que pour l’autre des deux films d’ailleurs.
Fin du suspense sur France 2, ce samedi, dès 20h30.
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