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Cannes 2023, Ruben Östlund, président du jury : « Le consensus est quelque chose de très ennuyeux » !

Un article rédigé par Pierre Germay, au Festival de Cannes - RCF Liège, le 16 mai 2023 - Modifié le 17 juillet 2023

Cette année, le jury du 76 e Festival de Cannes est présidé par le réalisateur suédois Ruben Östlund, déjà double Palme d’Or avec « Square » en 2017 et « Sans filtre » l’an passé.

Ruben Östlund, président du jury (Photo Pierre Germay)Ruben Östlund, président du jury (Photo Pierre Germay)

Ce mardi, quelques heures avant l’ouverture officielle du Festival, il a rencontré la presse, avec l’ensemble de ses jurés, comme la tradition le veut. Même si les propos qui s’y entendent n’ont que rarement quelque chose d’original ou d’inattendu, ça reste un moment incontournable.

 

Propos d’usage

 

Et dans le registre propos d’usage, c’est le président Östlund qui s’y colle en premier : « Je suis très heureux, c’est un très grand honneur. Je pensais être trop jeune pour un tel rôle. Alors j’ai pris un jour de réflexion puis j’ai accepté. Pour un réalisateur, enchaîner la vision d’autant de films, c’est un excellent exercice ».

 

Du cinéma de Ruben Östlund se dégage, à l’évidence, un côté non consensuel très net. Monsieur le Président parviendra-t-il à l’imposer au palmarès ? « J’ai prévu que l’on se voient pour parler de trois films en trois films, soit plus ou moins une fois par jour, précise-t-il. Je vais demander à tous les jurés de parler à tour de rôle. Personne ne pourra se taire sur un film ! Il ne faut pas avoir peur de dire quelque chose d’idiot. Chacun devra exprimer son ressenti, sa première impression. Le consensus est quelque chose de très ennuyeux. J’espère que le résultat sera satisfaisant ».

 

De l’égalité hommes / femmes

 

Les médias s’en sont déjà longuement fait l’écho, ce festival 2023 sera plus féministe que par la passé. Le jury respecte la parité (quatre hommes pour quatre femmes), sauf que le président donne la majorité aux hommes ! « En Suède, où je donne cours de cinéma, je suis sensible à cet aspect des choses, commente Ruben Östlund. Mais je constate aussi une différence de classe : faire du cinéma coûte cher et quand on provient des classes plus populaires de la société, c’est plus difficile de trouver le financement. On tente de permettre à tous les étudiants de réussir quelle que soit leur origine sociale, mais tous n’arrivent pas au bout du parcours ».

 

Et justement, à propos de l’aspect social, le Festival de Cannes risque cette année d’être confronté à des intrusions extérieures de grévistes qui comptent bien s’inviter à la fête cannoise même s’ils n’y sont pas conviés. « Il y a d’une part la fête du cinéma et d’autre part une révolte sociale qui rappelle mai 68, expose le président du jury. Ce sont deux extrêmes qu’il faudra gérer ».

 

De l’impact d’une Palme d’Or

 

Enfin, le double lauréat de la Palme d’Or se dit bien conscient, comme Julia Ducourneau, Palme d’Or en 2021 pour « Titane » et membre du jury cette année, de l’impact d’une Palme d’Or, un prix que l’on décerne à la légère : « Obtenir le Palme d’Or, c’est extraordinaire, se souvient-il. Mais c’est aussi lourd, c’est une responsabilité. L’attente pour votre prochain film est énorme. Cela dit, ça ouvre des portes, ça change tout dans le parcours pour réaliser son film suivant, c’est vraiment extraordinaire comme prix ».

 

Les autres jurés

 

Les autres jurés sont peut-être moins connus du grand public. Citons tout de même l’actrice marocaine, Maryam Touzani, passée derrière la caméra pour un premier long métrage, « Adam », en 2019, film présenté à Un Certain Regard, la section  qui lui valut d’être primée l’an passé avec le très beau film « Le Bleu du Caftan » sorti il y a quelques semaines à peine dans nos salles, en Belgique. Ou Brie Larson, l’actrice, réalisatrice et chanteuse américaine de 33 ans plus connue pour son rôle de super héroïne Carol Danvers dans des productions Marvel.

 

Au sein du jury, on compte encore l’acteur français Denis Ménochet  (« Peter von Kant » de Ozon) et Paul Dano, l’acteur et réalisateur américain (« The Fabelmans » de Spielberg), mais aussi des représentants de filmographies plus rares comme la pétillante réalisatrice zambienne Rungano Nyoni (« I’m not a witch » à la Quinzaine, en 2017), l’écrivain-réalisateur afghan Atiq Rahimi (prix Goncourt en 2008) et le scénariste et réalisateur argentin Damian Szifrou (« Les nouveaux sauvages » à Cannes, en 2014).
 

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