L’un des principaux événements attendus de ce 76 e Festival était le dernier Martin Scorsese, « Killers of the Flower Moon », avec Robert De Niro et Leonardo Di Caprio, présenté hors-compétition, ce week-end.
« Killers of the Flower Moon », c’est le récit d’une page d’histoire méconnue des Etats-Unis, celle qui vit, dans les années 1920, des membres de la tribu amérindienne des Osages, dans l’Oklahoma, assassinés pour permettre au neveu du parrain local (De Niro) de s’emparer de leurs terres riches en pétrole. Et ce, en poussant le neveu, Ernest (Di Caprio), beau gosse un peu candide, dans les bras d’une des héritières de cette tribu, Molly (Lily Gladstone). Jusqu’à ce que le FBI mène l’enquête…
« C’est un épisode honteux de l’Histoire des Etats-Unis, s’est plu à rappeler Martin Scorsese en conférence de presse. On voulait se rapprocher de ce peuple tout en respectant leurs valeurs et leurs croyances. Tout devait être authentique, comme ce calumet que je montre au début du film : les jeunes ne savent plus ce que c’est, les Blancs sont arrivés ».
Fallait-il encore trouver l’angle d’attaque. « On travaillait sur le scénario depuis deux ans déjà quand on a trouvé comment aborder cette histoire, explique le réalisateur palmé d’or en 1976 avec « Taxi Driver », déjà avec De Niro. Il fallait la conter sous le prisme de deux personnages, Molly et Ernest. Ils me sont apparus comme un exemple modèle de la tragédie de l’amour et de la trahison des Blancs envers le peuple indien ».
De Niro et Di Caprio, duel de géants
Le personnage instigateur de cette tragédie, c’est William Hale, dit le king. Et c’est Robert De Niro qui l’incarne. « Je ne le comprends, s’est-il expliqué. Il devait être charmant pour séduire les autres. Comment a-t-il pu être trahi à ce point ? C’est sur cet aspect-là que j’ai travaillé mon personnage ». Puis de poursuivre, plus dur : « Pendant le tournage au contact des Indiens, on a compris à quel point il faut être attentif à la banalisation du racisme. Il faut réagir. Comme pour les nazis qui ont pris la fuite en Amérique du Sud. Regardez Trump, ça résume tout » lâche-t-il encore !
Quant à Leonardo Di Caprio, non seulement acteur dans le rôle du neveu séducteur candide mais aussi producteur, après s’être dit honoré d’avoir pu faire ce film et ainsi rendre hommage à ce peuple amérindien, il s’est fait nostalgique : « Enfant, j’ai grandi avec le cinéma de Martin Scorsese et avec les films de Robert De Niro. Leur talent m’a transformé. Ils ont servi de modèles à toute une génération d’acteurs. Martin Scorsese est un réalisateur qui a marqué notre époque en contant des histoires importantes ».
La critique
Avec une telle affiche, le succès était garanti samedi sur le tapis rouge et ce, malgré une pluie persistante sur Cannes. En a-t-il été de même sur le grand écran ?
Force est de reconnaître que non. « Killer of the Flower Moon » est un film de 3 heures 26, long et lent, fait de palabres d’hommes sans foi ni loi plus que d’action, d’un réel ennui malgré tout le talent des deux stars De Niro et Di Caprio, parfois un peu cabotins.
Ce film semble presque dater d’un autre âge. Alors pourtant qu’il soulève des vérités qui interpellent comme quand Scorsese fait dire à l’un de ses personnages que l’Amérique est un pays où l’on condamne plus pour un chien que pour un Indien tué.
Mettre en lumière le triste sort de cette tribu indienne des Osages était d’autant plus intéressant que cela nous rappelle combien pareil racisme quotidien banalisé sévit toujours aujourd’hui.
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