La veille de l’ouverture du Festival, Thierry Frémaux rencontre la presse. C’est devenu une tradition, année après année.
Ce 15 mai, Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes depuis 2007, a accueilli lors d'une conférence de presse les médias présents pour couvrir l'événement.
D'entrée de jeu, le mécontentement des acteurs de la presse est palpable. Deux points noirs obscurcissent le tableau : la billetterie en ligne et les deux séances programmées pour le film « Indiana Jones » qui affichent complet. Bref, une bonne partie de la presse risque bien de devoir parler d’un des films événements du Festival doublé d’un hommage à Harrison Ford… sans avoir vu le film.
La responsable de la billetterie pour la presse a bien tenté de voler au secours de son chef pour assurer que toutes les mesures seront prises pour que les accrédités presse voient bien l’Indiana Jones. On croise les doigts.
Et il en va de même pour la rencontre avec Michael Douglas à qui le Festival va remettre une palme d’honneur pour l’ensemble de son œuvre : la salle prévue à cet effet affiche aussi complet.
Mais revenons-en au cinéma proprement dit et à la sélection officielle dont Thierry Frémaux est en charge depuis 2003 :
Avec mon équipe, on visionne près de 2000 films pour n’en retenir que 65 à 70, ce n’est pas toujours facile de faire des choix .
Alors, précisément, quels sont les critères ? « On prête attention aux aspects esthétiques et géographiques, explique-t-il, et les 65 à 70 films retenus sont le résumé de ce long voyage à travers tous ces films ! La qualité doit toujours primer. Et on cherche à faire découvrir des filmographies venues de pays plus rares, comme le Soudan, cette année, la Mongolie ou le Sénégal. Et après trois années d’absence pour cause de crise sanitaire, la Chine nous revient, et c’est très bien. »
Au fil des ans, Thierry Frémaux a ainsi imprimé sa marque sur la sélection officielle. Quand il avait encouragé le retour des grands studios américains à Cannes, il n’avait pas hésité à déclarer : « Je préfère un bon film commercial à un mauvais film d’auteur ». C’est lui aussi qui a ramené le cinéma de documentaire à Cannes, en créant même désormais un prix spécifique.
Et si cette année, la sélection officielle accueille par moins de sept réalisatrices en compétition, il monte au créneau comme il aime le faire : « Oui, 30 % de la sélection est féminine cette année pour une moyenne de seulement 18 % de femmes réalisatrices à travers le monde. Mais ce n’est pas nouveau, s’emporte-t-il. En 2021, la Palme d’Or a été attribuée à une femme, Julia Ducourneau pour « Titane ». En même temps, la caméra d’or et la palme du court métrage sont allées à une cinéaste et personne n’a relevé ce fait à l’époque. Ce n’est pas nouveau de placer les femmes à la place qu’elles méritent : Venise, Berlin et San Sébastian ont aussi récemment récompensé des femmes cinéastes ».
Thierry Frémaux rappelle encore qu’il a « installé la parité hommes / femmes au sein du conseil d’administration du Festival » mais que les préjugés restent parfois difficiles à vaincre, beaucoup de producteurs accordant plus volontiers de crédit à des cinéastes hommes.
Enfin Cannes ne serait plus Cannes sans l’un ou l’autre film soulevant la polémique. Le fait que Johnny Depp figure en haut de l’affiche du film « Jeanne du Barry » de Maïwenn en ouverture fâche la presse américaine qui lui a taillé un costard dans le procès de son divorce le traitant de violeur :
Cette remarque n’a été faite qu’à l’annonce de ce film en ouverture, rétorque fermement Thierry Frémaux. Je suis la dernière personne à pouvoir vous en parler, je ne m’intéresse pas à la vie privée de Johnny Depp, je ne m’intéresse qu’à l’acteur.
Voilà qui est clair.
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