Quel chemin parcouru depuis ses débuts en télé fin des années ’90 ! Aujourd’hui à l’affiche de deux films présentés à Cannes, Virginie Efira est de tous les bons coups du cinéma français. Ses récents César et Magritte de la meilleure actrice pour « Revoir Paris » ne font que confirmer son talent indiscutable.
Après « Benedetta » de Paul Verhoeven présenté en compétition officielle en 2021, l’actrice belge est de retour à Cannes à l’affiche de deux films.
Et tout d’abord « L’amour et les forêts » de Valérie Donzelli (« La Reine des pommes », « Notre Dame »), un film adapté du roman éponyme d’Eric Reinhartdt (Editions Gallimard, 2014) et présenté dans la section « Cannes Premières ».
« L’amour et les forêts »
C’est l'histoire de deux anciens condisciples de lycée, Blanche et Grégoire, qui se retrouvent un peu par hasard, lors d’une soirée dans une villa sur la côte bretonne, tombent dans les bras l’un de l’autre plus pour briser leur solitude respective que par amour, se marient et font deux enfants.
Mais du jour où Blanche découvre que Grégoire lui a menti, l’ambiance se détériore : il la harcèle, l’espionne, la soupçonne d’avoir un amant et veut l’empêcher d’encore exercer son métier de professeur de français pour mieux la surveiller. Le film nous offre alors une plongée oppressante dans les affres d'une relation empoisonnée par la jalousie.
Violences intra conjugales
Virginie Efira en épouse soucieuse d’éviter tout conflit jusqu’à se mettre en danger et Melvin Poupaud en mari pervers et jaloux, par moments incapable de contenir sa colère, occupent l’écran d’un bout à l’autre du film, faisant ressentir l’oppression ambiante.
« L’amour et les forêts » aborde ainsi le thème de l’emprise, tant psychologique que physique, d’un des deux époux sur l’autre, la problématique des violences intra conjugales jusqu’au viol et même pire. On regrettera toutefois que le récit soit circonscrit à l’intimité du couple et aussi balisé, surtout dans le chef du mari, ce qui nuit à la profondeur qu’un tel sujet aurait davantage mérité.
L’autre film, c’est « Rien à perdre » de Delphine Deloget, présenté à « Un Certain Regard ». Ce drame raconte l'histoire de Sylvie, une mère de famille qui vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques.
« Rien à perdre »
Un soir, alors qu’elle travaille dans un bar-concert jusque tard dans la nuit, le plus jeune de ses deux fils se brûle accidentellement. Il n’en faut pas plus pour que les services sociaux pour la protection de la jeunesse décident de retirer la garde à la maman et de placer Sofiane en foyer.
Aidée d'une avocate et de son frère, Sylvie est persuadée qu'elle pourra très vite récupérer son enfant mais c’est sous-estimer le poids de la machine administrative et judiciaire qui s’est mise en branle : le parcours sera bien plus laborieux que prévu.
On sait qu’une maman qui travaille de nuit et laisse son enfant mineur seul à la maison n’a pas le comportement attendu d’elle et que ce placement en foyer est préférable pour le bien de l’enfant. Mais on sait aussi quel déchirement émotionnel, souvent filmé en gros plans bouleversants, cela provoque chez une maman, totalement anéantie par cette décision de Justice.
La force du film de Delphine Deloget est de développer ces deux points de vue tout aussi opposés que respectables sans jamais porter de jugement.
Quant à Virginie Efira, elle incarne cette maman perdue mais déterminée avec force et émotion. Elle porte le film à bout de bras. On est à nouveau subjugué et ébloui.
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