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Cannes 2024 : George Lucas : « Le secret d’un bon film ? La persévérance »

Un article rédigé par Pierre Germay, au Festival de Cannes - RCF Liège, le 24 mai 2024 - Modifié le 25 mai 2024

Après Meryl Streep à l’ouverture, c’est au tour de George Lucas, cet immense figure du cinéma hollywoodien, de recevoir du Festival une Palme d’Honneur pour l’ensemble de son œuvre.

George Lucas accueilli par une salle debout © Pierre GermayGeorge Lucas accueilli par une salle debout © Pierre Germay

Et quelle œuvre marquée principalement du sceau de la saga des « Star Wars » et de ses effets spéciaux qui ont opéré un changement radical dans la vision du cinéma des grands studios à Hollywood : d’un coup, ils ont tourné le dos aux réalisateurs hippies des années 70 pour aduler tous ceux qui leur proposaient des films à effets spéciaux !

 

Par ailleurs scénariste et coproducteur d’une autre série de légende du cinéma américain, les « Indiana Jones », George Lucas a rencontré son public, ses fans de la première heure, ce vendredi, à Cannes. Dans une salle comble, il a eu droit à une standing ovation de plusieurs minutes, à en avoir la chair de poule. Morceaux choisis d’une rencontre exceptionnelle.

 

Ses études :

 

Je n’étais pas un très bon élève au collège. Ensuite, j’ai suivi une formation en anthropologie et en sciences sociales, mais ça n’a pas marché. A Sacramento, j’ai vu qu’il y avait une section « photographie ». En fait, elle était appelée ainsi improprement puisque c’était une section cinéma. Mais aller à l’Université pour apprendre à faire du cinéma, c’est absurde ! Même si j’y ai appris à déplacer une caméra. Ce qui est sûr, c’est que le cinéma, c’était fait pour moi ».

 

Le nouvel Hollywood :

 

« Pour travailler pour les grands studios à Hollywood, il fallait être pistonné. J’avais fait la connaissance de Francis Ford Coppola. Il voulait faire un premier film. Francis m’a dit d’écrire le script du film que moi je voulais tourner et que j’allais être payé pour son écriture. On est alors allé à San Francisco où on aurait plus de liberté qu’à Los Angeles. Ensemble, et aussi avec Paul Schrader, on a formé ce qu’on a appelé « Le Nouvel Hollywood ».

 

THX 1138 à Cannes :

 

« Mon premier film, c’est « THX 1138 ». C’était en 1971. On avait été sélectionné à Cannes à la section « La Quinzaine des réalisateurs ». La production n’a pas voulu nous payer nos frais parce que La Quinzaine, ce n’était pas dans la course pour la Palme d’Or ! Le lendemain de la projection, on m’a demandé pourquoi je ne m’étais présenté à la conférence de presse. Mais on ne savait même pas qu’il y avait une conférence de presse ! »

 

American Graffiti :

 

« Les producteurs m'avaient dit à propos de « American Graffiti » : vous devriez avoir honte de présenter ça au public ». Mais à chaque projection, le film était ovationné. Pourtant, on l'a sorti au pire moment de l'année, au mois d'août. En quelques jours il a rapporté 25 millions de dollars ce qui était beaucoup à l'époque. Il est resté un an sur les écrans. Je ne m'attendais pas du tout à un tel succès. Le secret c'est la passion et la persévérance, un scénariste ou un réalisateur doit avoir le droit de faire le film qu'il souhaite, c'est un concept qui date de Michel Ange »

 

Passionné de voitures :

 

« J’étais passionné par les voitures, je voulais devenir pilote de course. Mais j’ai eu un accident et j’ai dû être hospitalisé. J’ai compris que je n’étais pas fait pour être pilote, que mon truc, c’était la photo puis le cinéma ! Mais la course automobile m’a toujours fasciné. J’ai encore participé à des courses avec des célébrités. Mais comme j’ai eu une fille et que j’en ai ensuite adopté deux, c’était plus raisonnable d’arrêter, les courses étaient trop dangereuses ».

 

La guerre des étoiles :

 

« J’ai eu comme un flash en voyant un film des années 30 avec un chien qui pilotait des engins spatiaux. Un responsable de la Fox a cru en mon projet, c’était le seul. Bon, ça a toujours été une bataille pour le budget, le nombre de jours de tournage que je dépassais systématiquement, il fallait tout le temps marchander sous la menace de tout arrêter. D’autant qu’au début, le film n’était projeté que dans trente-deux petites salles. J’ai réussi à le convaincre de le projeter dans plus de mille salles. On a fait fortune, il ne l’a jamais regretté ! En fait, j’avais ma propre société de production. La Fox avait un pourcentage net sur les recettes. Je me souviens qu’on avait rédigé le contrat nous-même, ce qui ne se faisait jamais à l’époque ! »

 

En sortant de cette rencontre, une pointe de déception flottait dans l’air : George Lucas avait surtout parlé d’argent, de financement et de recettes. Et moins de cinéma…

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