Les « Pèlerins de l'eau vive » existent depuis de très longues années en France et ont ensuite essaimé dans plusieurs pays d'Europe, dont la Belgique. Une antenne de ce groupe de soutien spirituel aux personnes en butte avec l'alcoolisme a vu le jour à Charleroi en 2020.
Beaucoup trop de personnes, ainsi que les membres de leur famille et de leur entourage, subissent les conséquences de l'abus d'alcool, qui est à l'origine d'actes de violence, de traumatismes, de problèmes de santé mentale et de maladies telles que les cancers et les accidents vasculaires cérébraux
disait alors le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
« Marion Cahour était un médecin alcoologue, qui a perdu son papa, marin à Nantes, quand elle avait 14 ans », raconte Luce Canale, membre du bureau national des Pèlerins de l'eau vive, en France, et responsable de l'antenne lyonnaise de l'association. « Marion avait beaucoup souffert à l'école des moqueries, et elle avait dit
quand je pourrai, j'aiderai les enfants qui ont des parents dans l'alcool.
Quand elle a été à la retraite, elle est partie en pèlerinage à Lourdes. Elle a pris un carton à chaussures, un manche à balai et elle a écrit dessus 'Jésus Sauveur, guéris-nous de l'alcool, merci' et elle est partie faire la procession. Un évêque l'a vue, a pris la bannière et l'a mise avec les autres en disant 'Cette pancarte fera le tour du monde'. C'était en 1979. »
Plus de 40 ans plus tard, le mouvement alors lancé par Marion Cahour se perpétue. Luc Vanham habite la région de Charleroi. C'est après avoir découvert les Pèlerins de l'eau vive par hasard - un « clin Dieu », dit-il - qu'il a décidé de lancer une antenne en Belgique, tout près de chez lui, dans la chapelle des Jésuites. « En juillet 2020, je sors de la messe et je découvre un bouquin qui s'appelle 'Jésus Sauveur, guéris-nous de l'alcool, merci'. Je me sens interpelé, je suis concerné par le problème ; je fais main basse sur le livre et je rentre chez moi. Le lendemain soir, il y avait sur KTO une émission sur les Pèlerins de l'eau vive. Alors j'ai pris le bouquin, et je l'ai littéralement dévoré. »
Rapidement, Luc prend contact avec la mission en France et se rend compte que cet aspect lui manquait dans son travail contre son addiction à l'alcool : « Cela me permettait de développer la prière, et surtout la prière d'intercession. J'ai contacté Lyon et j'ai demandé si cela les intéressait d'ouvrir un groupe en Belgique. J'ai reçu un 'oui' et cela a démarré très vite. »
Le groupe se réunit tous les lundis, de 19h à 20h30. « Il m'arrive d'être tout seul, parce que mettre un groupe en route ce n'est pas toujours chose simple. Et puis hier par exemple nous étions sept. Nous avons accueilli des nouveaux amis, déjà plus âgés ; monsieur a un problème d'alcool, madame en souffre, parce que l'alcoolisme c'est ça, c'est une maladie 'familiale', et ils ont été ravis de la réunion. »
Bernard, lui, a commencé à souffrir d'alcoolisme alors qu'il était encore assez jeune. Sa première bière, il l'a bue à 14 ans, et ensuite les occasions de boire se sont multipliées. Quand s'est-il rendu compte que son rapport à l'alcool était néfaste ? « Je revenais d'une de mes dernières 'fredingues' ; j'avais déjà huit ans de mariage, et mon épouse m'a dit 'écoute, donne-moi deux ou trois jours de ta vie et je vais te faire rencontrer des gens qui ont le même problème que toi'. Elle a eu cette approche, qui m'a fait accepter une entrevue avec mon parrain d'entrée aux alcooliques anonymes. »
Il le reconnaît aujourd'hui, à 26 ans, Bernard était déjà battu - moralement, physiquement et psychiquement – par l'alcool. Parmi les AA, il se sent accueilli, aidé, entouré d'une formidable chaleur humaine et il compte désormais 39 ans d'abstinence. Les AA développent un fort aspect spirituel dans leur programme : « se remettre à Dieu, tel que tu le conçois ». Pas à pas, les participants sont invités à se réconcilier avec eux-mêmes, avec leur passé et puis avec leur vie future. Très investi dans le mouvement AA, y compris au niveau international, Bernard a été séduit par la proposition de son ami Luc Vanham :
Les Pèlerins de l'eau vive aident à approfondir et à progresser spirituellement.
Mais il n'y a pas que des personnes alcooliques qui poussent la porte des réunions des Pèlerins. Eric y vient régulièrement, parfois il y emmène aussi son jeune fils : « C'est ma compagne qui malheureusement est atteinte de cette maladie. Elle a déjà fait quelques cures pour sortir de ce fléau. J'essaie de lui apporter le maximum de soutien. Mon but est de l'aider à garder la foi, la sobriété ». Les Pèlerins, c'est une aide dans la prière, l'occasion de dialoguer avec d'autres personnes souffrant de la maladie, d'échanger pour résister aux difficultés du quotidien, à la fatigue.
Il ne faut pas forcément être croyant pour se joindre au groupe, tout le monde est bienvenu : « Nous accueillons des gens de tous horizons, tous âges, toutes classes », insiste Luc Vanham, le fondateur de l'antenne de Charleroi. « Le point commun, c'est l'alcoolisme ou une assuétude, ça se peut aussi, comme on peut avoir une religion autre ou pas de religion du tout. On est ouverts et on n'impose rien. »
Thérèse Crispin, elle, vient proposer une fois par mois une réflexion, une méditation, un enseignement spirituel. « J'ai vraiment été touchée par la bonne volonté de personnes qui veulent s'en sortir, qui étaient là dans un groupe de prière et qui ne connaissaient pas du tout Jésus-Christ. J'essaie d'aider tout le monde, croyants, non croyants, personnes touchées par l'alcoolisme ou pas, à se poser, déposer leurs tracas, les sentiments parfois exacerbés, pour entrer petit à petit dans un silence intérieur, et là retrouver son souffle. » Puis vient le temps de la prière, pour se laisser toucher par une Parole, rentrer dans l'intime et ne plus se sentir seul...
Pour toute information : 0467 16 30 05 - it.luc.vanham@gmail.com - www.pelerinsdeleauvive.org
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