De Gaulle est-il toujours un modèle ou bien n'est-il qu'une icône ? En 2018, on célèbre les 60 ans de la Constitution de la Vè République (du 4 octobre 1958) conçue par le Général. Alors que la présidence d'Emmanuel Macron se déroule sous le signe de la fameuse monarchie républicaine - à moins qu'il ne s'agisse d'une république monarchique instaurée par cette constitution - quel est l'héritage politique et diplomatique du général ?
"Hors norme". C'est ainsi qu'il faut "objectivement" qualifier la place et le rôle qu'a joué le général de Gaulle dans l'histoire française du XXè siècle, selon François Ernenwein. "Et aussi à cause de ce que la mythologie a construit autour du personnage." Visiblement, dans l'imaginaire français "De Gaulle" marche encore "très fort" ! Ce n'est sans doute pas un hasard si "on retrouve beaucoup d'éléments pris au général de Gaulle" chez Emmanuel Macron.
Et pourtant, lorsqu'il quitte la présidence de la République en 1969 - "un moment douloureux pour lui" rappelle le rédacteur en chef de La Croix - il est un peu comme "un chêne abattu". "Très clairement au moment de mai 68, de Gaulle n'a pas compris les transformations de la société française, il était d'une autre époque, d'une autre vision, cette idée de la grandeur ne correspondait plus à l'état de la France, aux bouleversements de mentalités en France et partout ailleurs dans le monde."
Qui était de Gaulle ? "Avant qu'il ne devienne de Gaulle il a été un officier supérieur d'une rare intelligence qui, auprès de ses pairs s'est imposé par la clarté de ses idées mais aussi la force de son imagination." De Gaulle était de toute évidence un "esprit supérieur" avec une vraie vision de la guerre et de l'armée. "C'est d'abord un penseur militaire", qui publie dès 1924 "La discorde chez l'ennemi". Un premier livre passé relativement inaperçu mais où le jeune officier livre déjà sa vision de ce que doivent être les rapports entre l'armée et la politique. Selon lui, rappelle Michel Winock, auteur en 2017 de "De Gaulle et le gouvernement de la France" (éd. Belin), "les Allemands ont perdu la guerre de 1914 parce qu'il n'ont pas su respecter la règle à laquelle il sera fidèle toute sa vie : le pouvoir militaire est subordonné au pouvoir politique".
Quand le sous-secrétaire d'État à la guerre du gouvernement de Paul Reynaud traverse la Manche, "il est convaincu", décrit Hélène Carrère d'Encausse, que "le pacte-germano soviétique ne tiendra pas". L'historienne et académicienne qui publie "Le Général De Gaulle et la Russie" (éd. Fayard) décrit "un sens historique très profond".
C'est du 18 juin 1940 que date le gaullisme. Ou en tout cas le premier gaullisme, celui que Michel Winock qualifie de "gaullisme de guerre". On a en effet retenu le 18 juin 40 comme date fondatrice "de sa grandeur et de sa légende" même si ce discours diffusé sur les ondes de la BBC a été à ce moment-là très peu entendu. Il reste "l'acte fondateur de l'épopée de la France libre".
Il y eut en réalité trois discours : celui du 18, du 19 et du 22 juin. Celui du 19 n'a pas été diffusé mais il donnait un élément important pour comprendre sa vision, comme nous l'apprend François Kersaudy, dont l'ouvrage "Le Monde selon De Gaulle" (éd. Tallandier) paraîtra en mars 2018. "Il disait qu'une armée peut capituler mais qu'un gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi."
Emission d'archive diffusée en janvier 2018
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