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Comment transmettre sans enfermer dans un schéma familial?

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Alors qu'Alice Ferney signe la saga d'une famille bourgeoise catholique traditionnelle, Nathalie Sarthou-Lajus publie un essai sur l'art de la transmission. Regards croisés.
Catherine Gugelmann/Leemage/ActesSud - Alice FERNEY (à gauche) et Nathalie Sarthou-LajusCatherine Gugelmann/Leemage/ActesSud - Alice FERNEY (à gauche) et Nathalie Sarthou-Lajus

Alice Ferney et Nathalie Sarthou-Lajus se retrouvent sur RCF et croisent à nouveau leurs points de vue. La romancière et la philosophe sont rompues à l'exercice: en avril 2013 elles étaients interviewées par Le Figaro alors qu'elles publiaient chacune des écrits sur l'amour qui s'en va. Aujourd'hui la première publie "Les Bourgeois" (éd. Actes Sud) et la seconde "Le geste de transmettre" (éd. Bayard). Stéphanie Gallet leur propose donc d'échanger sur la transmission et sur notamment la famille, lieu privilégié de la transmission.
 

Ce que l'on transmet c'est une manière de vivre

 

les familles nombreuses traditionnelles catholiques en ligne de mire

À une époque où les cathos ne sont pas tout à fait considérés comme glamours, ni même en odeur de sainteté, le roman d'Alice Ferney paraît plutôt gonflé. Dans "Les Bourgeois", elle raconte une saga familiale sur trois générations. Où elle va même jusqu'à attribuer à cette famille de la haute-bourgeoisie catholique parisienne le patronyme de Bourgeois. On pourrait s'attendre à des propos moqueurs, mais il y a une réelle bienveillance, et aucune condescendance, dans son roman. Les héros d'Alice Ferney "représentent le monde bourgeois conservateur, les héritiers pour reprendre le mot de Bourdieu". Des familles au sein desquelles se déploie une conscience aiguë d'un patrimoine (pas seulement matériel) à transmettre.

"J'avais conscience que c'étaient des gens qui aujourd'hui représentaient quelque chose d'assez détesté: la famille nombreuse, catholique, hétérosexuelle", confie la romancière. Ce qu'Alice Ferney raconte c'est surtout une époque. Les vicissitudes de l'histoire et les générations qui se succèdent. De ce que l'on reçoit, que transmet-on? Dans certains milieux bourgeois, observe Nathalie Sarthou-Lajus, où l'on apprend à ne pas trop faire montre de ses émotions, il y a souvent "quelque chose de bloqué dans la transmission au niveau des affects, qui pèse sur les générations".

 



 

Transmettre, le rôle des femmes?

Parmi les "gestes de transmettre", que Nathalie Sarthou-Lajus recense dans son ouvrage, la cuisine et la préparation des repas. Un art de vivre traditionnellement transmis par les femmes, ce qui au XXIè siècle n'est plus tout à fait évident. Le rôle de la mère dans la transmission est sur bien des points essentiel. Comme le rappelle Alice Ferney, lors de la première année la mère est le principal "agent transmetteur" de l'enfant. "Ce que [la mère] transmet c'est de la force, la force de se lancer dans la vie."

Justement, à une époque où la répartition des tâches au sein du foyer n'est plus aussi différenciée qu'au temps de nos arrières-grands-parents, samedi 14 octobre se tient à Paris un colloque sur le thème: "Le défi des femmes aujourd'hui - Femme & foyer, le bon choix au bon moment". Parce que la question de savoir comment conjuguer vie familiale et vie professionnelle pour les femmes se pose de façon très concrète. Avec notamment cette question du rôle des femmes dans la transmission.

 



 

La transmission, une affaire de famille

"C'est toute la famille qui organise la transmission." Si dans son roman, Alice Ferney raconte la vie d'une famille de 10 enfants dont les parents sont du siècle précédent, elle observe qu'à toute époque, ce que l'on transmet c'est "une manière de vivre". C'est-à-dire des habitudes aussi simples que prendre un bain ou une douche, sortir ou rester chez soi le dimanche, etc.

Des choses que l'on fait parfois sans même y penser, et dont la transmission n'est pas le fait des femmes uniquement. On parle beaucoup aujourd'hui de la "panne de la transmission", comme le rappelle Nathalie Sarthou-Lajus, mais c'est ne pas voir tout ce que l'on transmet et qui relève de "l'art de vivre plus que de l'érudition". Dans son essai, la philosophe distingue la transmission de l'éducation, voire de l'endoctrinement.

 

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