Deuxième partie du podcast de la table-ronde sur le harcèlement sexuel dans le sport, en présence d'Isabelle Demongeot et trois autres experts : Carl Blasco, psychothérapeute, Maître Isabelle Colombani, avocate à Fréjus et Badri Rouabhia, entraineur de boxe.
Agnès Luque et ses invités proposent de réfléchir sur les solutions et les actions à mettre en place pour lutter contre ce fléau du viol.
Comment passe-t-on de la résistance à la résilience ?
Peut-on "vivre avec" ce traumatisme ? Carl Blasco aborde dans cette conférence les différentes étapes de la réparation après un viol, pour la victime et son entourage (parents, famille...).
Après le traumatisme et la phase de déni, des années sont nécessaires avant que la colère n'émerge. S'ensuivent une phase de peur de l'environnement, de somatisation et de tristesse voire de dépression. Le processus de résilience est long mais peut aboutir à une phase d'acceptation de la situation (et non de l'acte) pour ensuite en faire quelque chose, et évaluer le pardon.
Durant son long parcours de 30 ans de combat, Isabelle Demongeot est passée de l’emprise à un engagement personnel, à porter un message pour agir et faire bouger les lignes…
L’écriture de son livre « Service volé » en 2007 a été une étape importante. Les effets ont été immédiats dans le processus de réparation : une écoute, une reconnaissance de l'entourage et surtout un changement de regard de ses parents sur elle et sur l’entraineur.
Son livre est le déclencheur d’un plan national de lutte contre les violences dans le sport, un changement de loi et une étude nationale de 2 ans sur le sujet par des experts (la seule à ce jour).
L’adaptation du livre en film permet également de toucher un large public, de sortir du déni, du silence et d’aider d’autres jeunes filles à parler.
Quelles sont les solutions concrètes ? comment améliorer l’accompagnement des victimes de viols ?
Pour Carl Blasco, le métier d'entraineur est un métier à consolider. Loin de vouloir stigmatiser les entraineurs, il précise que ce métier doit tout de même évoluer avec plus de distanciation.
Quid des sports de contact ? Difficile d'appliquer ce cadre, répond Badri Rouabhia, entraineur de boxe à Saint Raphaël. Le sport reste avant tout un loisir. Il n'en est pas moins qu'il a dû imposer de nouvelles règles, pour le bon fonctionnement de la salle.
Badri Rouabhia axe son enseignement sur les bienfaits du sport. Il nous explique comment il accueille des jeunes en souffrance, victime de harcèlement scolaire. La boxe va leur permettre de reprendre confiance en eux progressivement.
Il prend également en charge des jeunes enclins au harcèlement à l'école. Là encore, avec fermeté et pédagogie, ces jeunes cesseront leur jeu de manipulation, de violence et de toute puissance.
"Les solutions résident dans l'accompagnement des victimes de viols dans la parole", rajoute Isabelle Demongeot; "il faut les aider à parler pour se reconstruire au plus vite". Son nouveau combat est d'accompagner les victimes à passer les étapes de reconstruction.
"Avant toute chose, différents outils peuvent être mis en place, comme le pacte de confiance", propose la championne de tennis. Il s'agit d'un accord transparent, en début d'entrainement, entre l'entrainé, l'entraineur et les parents. De fait, cela représente un réel engagement pour l'entraineur et un outil d'écoute des parents vers leur enfant. Cela est primordial pour éviter l'isolement du jeune, et l'enfermement dans un système.
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