JavaScript is required

Crise de l'école ou crise de la société?

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Et si l'école souffrait d'une vraie crise de transmission? Pour le philosophe Robert Redeker nous traversons une crise de la vie humaine qui se répercute sur la façon d'enseigner.
Robert RedekerRobert Redeker

La rentrée scolaire nous y habitue désormais: la parution en masse d'ouvrages alarmants sur l'école, ses dysfonctionnements, ses classes surchargées, son manque de professeurs et de moyens, sa légèreté des programmes. Bref, l'école est en crise, c'est aussi le propos de Robert Redeker. Mais ce qui nous intéresse surtout dans 'L'Ecole fantôme' (éd. DDB) c'est son analyse de la transmission et sa vision des maux de l'école comme symptômes d'une autre crise, beaucoup plus vaste puisqu'il la nomme 'crise de la vie humaine'. Crise d'une société post-moderne qui vit dans l'illusion de la toute-puissance ; mal-être d'une société qui instrumentalise le langage pour ne pas voir que la langue est ce qui ouvre sur l'indicible ; oubli de ce qu'est l'homme, un être qui ne sait pas si on ne lui apprend pas.
 

'On dit que l'école doit socialiser: c'est la vie qui socialise, la famille, la société ; l'école doit attacher à l'histoire, aux œuvres, à la culture du pays.'

 

l'histoire pour apprendre la finitude

Si l’école est un haut lieu d’humanisation alors le problème est en amont. Le philosophe, qui nous explique que face au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, les Européens n'ont trouvé d'autre moyen que de 'sortir de l'histoire'. Le post-modernisme c'est l'homme exsangue, 'sans passé, sans futur, arc-bouté sur le présent' car on l'a coupé de 'ses racines'.

'La crise de l'école a quelque chose à voir avec l'avancée du transhumanisme.' Parallèlement, Robert Redeker diagnostique une 'éducation qui refuse de donner aux jeunes générations ce que à quoi on peut estimer qu'elles ont droit': leur passé. Au temps du tabou de la mort, le passé est ce qui vient dire à l'homme qu'il est mortel. Exit l'homme fragile, l'homme tragique, l'instant est au 'transhumanisme', à la toute-puissance qui n'a que faire du legs des générations précédentes. Nos ancêtres nous rappellent les limites et la finitude.

 


ÉCOUTER â–º Docteur Serge Marquis: l'ego, ce grand piège de la modernité

 

la littérature pour savoir que l'on a une âme

'Que serait la France sans la littérature? Rien du tout!' Pour Robert Redeker, si la littérature 'doit avoir la place centrale dans l'école, avec l'histoire', c'est que la langue 'permet de nous rendre compte que nous avons une âme'. Aujourd'hui, selon lui, on apprend à communiquer 'sous l'influence de la linguistique et des théories du langage'. L alangue est envisagée comme un instrument de communication. 'Or la langue donne la poésie, l'au-delà de la communication.'

Certes l'école n'est pas le lieu où 'socialiser' l'enfant, 'l'école doit attacher à l'histoire, aux œuvres, à la culture du pays', pour le philosophe, mais elle y contribue car l'enseignement de la littérature encourage 'la construction et le développement de l'intériorité'. 'Si nous ne savons plus que la langue est l'instrument de l'âme, nous ne pouvons enseigner d'une façon qui permette à chaque enfant de cultiver un monde intérieur, de s'humaniser.'

 


ÉCOUTER â–º Roger Sue: "Le lien social ne se délite pas, il se recompose"

 

l'assymétrie maître / élève pour redire ce qu'est la pédagogie

Depuis une trentaine d'années on demande à nos enseignants d'être au nom du 'vivre ensemble', 'des animateurs socioculturels'. Oubliée, l'assymétrie entre celui qui détient et transmet le savoir et celui qui le reçoit. Or, pour faire entrer les élèves dans 'le pays de la pensée', selon l'expression d'Hannah Arendt, il faut autre chose que 'bienveillance et sympathie'. Contre un autoritarisme benêt, il doit y avoir un juste milieu à trouver. Seulement voilà, on est dans 'l'idéologie du cool, du liquide, du gélatineux'. Comme le dit le sociologue Zygmunt Bauman, notre société est 'liquide', elle n'aime pas la limite.
 

 

Émission diffusée en septembre 2016

 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.