8,4% c'est le niveau de l'inflation alimentaire actuellement en France ... une inflation que l'on ressent, certes, mais moins que chez nos voisins allemands ou espagnols par exemple (avec respectivement 15,5 et 13,8%) .. pour une raison, cette hausse a en partie été absorbée par les producteurs et revendeurs // Leurs prix ont monté, mais sans jamais véritablement rejoindre le niveau de l'inflation, et il est plus que probable que ces hausses deviennent plus fortes dans les prochains mois // c'est en tout cas ce que nous a confié Sébastien Muller, président de la maison Le Pic, est également président de l'ARIA Alsace, l'association régionale des industries agroalimentaires
RCF Alsace 8,4 %. C'est le niveau de l'inflation alimentaire actuellement en France. Une inflation que l'on ressent certes, mais moins que chez nos voisins allemands ou espagnols par exemple, avec respectivement 15,5 et 13,8 % d'inflation. Pour une raison, cette hausse a en partie été absorbée par l'État, les producteurs et les revendeurs. Les prix des industriels notamment, ont monté, mais sans jamais véritablement rejoindre le niveau de l'inflation. Et il est plus que probable que ces hausses deviennent de plus en plus fortes dans les prochains mois. C'est en tout cas ce que nous a confié Sébastien Muller, le président de la Maison Lepic, producteur de choucroute et également président de l'Aria Alsace, l'association régionale des industries agro-alimentaires.
Vous annoncez que nous allons devoir composer avec des hausses de prix pour les produits alimentaires alsaciens, sans quoi vos entreprises risquent de disparaître.
Sébastien Muller Effectivement, il y a des évolutions à prévoir : le prix de l'énergie, le prix des matières premières agricoles, industrielles, mais aussi la main d'œuvre. Le prix des produits doit être réajusté pour que toute la machine puisse continuer à tourner et qu'elle ne s'enraye pas et que le deuxième secteur économique alsacien qu'on représente, donc l'industrie agroalimentaire. On est des entreprises agroalimentaires majoritairement PME, on va du grand groupe à la TPE et quand vous avez l'énergie qui multiplie par dix, on ne peut pas garder le même prix de produit, au risque de mettre en défaillance des entreprises. Ça paraît naturel et c'est ce qu'il faut qu'on mette en place collectivement cette prise de conscience. Et à ce moment-là, on croit que l'économie pourra tourner très simplement.
RCF Alsace Pour le consommateur. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que dans quelques mois, il y aura des produits dont il devra se passer ?
Sébastien Muller Peut-être, non, dans quelques mois. On ne souhaite pas que la consommation baisse, mais que l'industrie alimentaire, comme certainement d'autres industries, puisse continuer à avancer. Et si on arrive à valoriser notre produit au juste prix, le pouvoir d'achat de nos salariés sera en conséquence et à ce moment-là, ils pourront continuer à consommer comme ils le souhaitent. Après, peut-être qu'il y a un besoin, si on veut bien consommer, peut-être de consommer différemment. Et aujourd'hui, la part alimentaire dans le pouvoir d'achat des ménages, elle n’est que de 11 % alors qu'en 1960 c'était à 25 %. Donc vous voyez qu'il y a une large marge de manœuvre pour consommer différemment ou consommer mieux.
RCF Alsace A propos du Coville, vous en avez parlé tout à l'heure. Est-ce que vous avez l'impression que c'est une étape à un moment difficile, qui peut être-vous à préparer un peu à certains effets de l'inflation et de la crise énergétique actuelle?
Sébastien Muller Alors en fait, on s'est dit que la Coville, c'est que ce qui pouvait y avoir de pire et que plus rien derrière. Mais en fait, on s'aperçoit qu'on est hyper résilient. Il y a eu la Coville, mais entre-temps, il y a eu des sécheresses, il y a eu une grippe aviaire, une crise dans la filière aviaire. Aujourd'hui, on a la guerre du grain qui en fait amplifie juste les choses parce que finalement, l'inflation a déjà commencé après la Coville. Donc ça amplifie juste les choses. Mais l'industrie alimentaire résiliente, elle veut encore être là demain et c'est pour ça qu'on prévient de notre situation et de nos besoins pour préserver ce pouvoir d'achat. Au niveau de l'énergie, il faut qu'on joue collectif et que l'Etat nous accompagne pour justement aussi ne pas augmenter nos produits de manière trop significative pour que le consommateur puisse continuer à consommer.
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