Abbé du Calvados, peintre et sculpteur, parmi les premiers engagés dans la Résistance, Jean Daligault est de ces histoires singulières qui vous marquent. Nous lui consacrons trois épisodes sur RCF avec le podcast « Des prêtres dans la guerre ».
Artiste prêtre, prêtre artiste, qu’importe le sens tant que l’on a la liberté. Ce pourrait, peut-être, être le mantra de Jean Daligault.
Ordonné en 1924 pour le diocèse de Bayeux-Lisieux, passé par Trouvilles, Vire puis curé à Olendon près de Falaise, il deviendra un symbole de la Résistance face aux nazis.
Atypique, avant-gardiste, anticonformiste, Jean Daligault est un prêtre qui dénote. Il fait partie « Des prêtres dans la guerre ».
Né en 1899, il ne tardera pas à montrer une certaine originalité, comme la fois où, enfant, il sort un révolver en pleine salle de classe. Un « coup d’éclat » qui ne saurait cacher son intelligence et sa vivacité d’esprit.
L’un de ses professeurs glissera à ses parents un possible avenir dans le monde des arts. Une intuition qui se confirmera avec l’appétence toute particulière (et le talent) qu’il montrera envers la peinture, puis la sculpture.
Une fois ordonné, le prêtre exprimera aussi son caractère « artiste » par les libertés qu’il s’autorise. Il peut ainsi lui arriver d’oublier des offices ou de signer des registres par exemple.
Ce qui ne l’empêche pas d’être aimé par ses paroissiens dont il est proche. Il leur partage la modernité de leur siècle, telle qu’une séance de cinéma (parlant !) qu’il organise au début des années 30 (seulement quelques années après l’invention !).
L’homme n’est pas seulement à la pointe des technologies, il est aussi un formidable mécanicien et ingénieur. Pour preuve, il se construit tour à tour sa propre automobile, un bateau et même un avion !
Jean Daligault est également talentueux dans le domaine des mystères. Quel rôle avait-il réellement pendant sa mobilisation durant la Première Guerre mondiale ?
Ses nombreux voyages, à Paris, en Allemagne et en Amérique témoignent-ils seulement d’un goût de l’escapade ?
Pour le Père Pascal Marie de la paroisse d’Honfleur, auteur de recherches sur les religieux du Calvados à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, l’abbé Daligault pourrait avoir été en relation avec les services secrets.
Sa popularité, son exubérance, et surtout son engagement très tôt dans la Résistance, sont autant de facteurs qui pourraient expliquer son arrestation, le 31 août 1941, par la Gestapo.
Date du début du chemin de croix pour Jean Daligault.
Contrairement à la plupart de ses camarades d’armes, il ne sera pas exécuté, du moins pas aussitôt.
Le quarantenaire va passer quasiment quatre années dans les différentes prisons et camps de concentration. Impossible d’échapper à ce calvaire, duquel, parce qu’il provoque ses geôliers, subit les pires sévices.
Daligault se fait passer pour fou. Une feinte ? Une conséquence d’un quotidien où l’horreur est permanente ?
Les œuvres qu’il va créer durant toute cette période tranche avec les nombreux mystères qui lui survivront. Car oui, le prêtre artiste ne cessera jamais de peindre et sculpter.
Au total, ce sont près de 200 œuvres qui témoigneront de la réalité concentrationnaire.
En grattant la peinture des murs pour en extraire des pigments afin de peindre, en utilisant un bout d’os animal retrouvé dans sa soupe pour faire une sculpture, il va aussi et surtout révéler son génie artistique.
Jean Daligault sera assassiné à Dachau la veille de la libération du camp, le 28 avril 1945.
Le portrait de cet abbé pas comme les autres est à retrouver avec le podcast « Des prêtres dans la guerre ».
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