Dominique Lardet "Les enfants cachés des Tilleuls"

La chronique de Jacques Plaine

DOMINIQUE LARDET
Les enfants cachés des Tilleuls
Presses universitaires de Grenoble
Professeur de Lettres classiques, Dominique Lardet,
aujourd’hui retraitée, fut chargée de cours à l’université
Lyon 2. Pendant la guerre 39-45 sa famille trouva refuge
à Prélenfrey et c’est en découvrant dans « Le Journal
des Tilleuls » des textes de son père alors adolescent
qu’elle décida d’écrire ce livre.
Milieu des années trente. Au pied des falaises du Vercors, à
950 mètres d’altitude, Prélenfrey.
Prélenfrey un village qui, si la terre était plate, serait au bout
du bout, loin de tout, isolé dans sa solitude mais néanmoins
desservi par un car. Un car si petit qu’il peut prendre sans
soucis les virages plus que serrés de la route impossible qui
y monte.
Prélenfrey qui à l’heure où, les pieds dans la Grande Bleue,
la moitié des Français découvrent une épuisette à crevettes
d’une main, une griffe à palourdes de l’autre les joies des
congés payés, Prélenfrey voit la famille Lamorthe-Guidi
s’offrir un tout autre bonheur. Le bonheur de créer. Le bonheur d’avoir créé son prévent.
« Le préventorium des Tilleuls » une grande maison qui peut accueillir une vingtaine de
petits malades à l’heure où la tuberculose tue un Français sur cinq et où la seule arme à lui
opposer - le BCG n’étant pas encore généralisé - est le bon air des montagnes et le soleil
qui va avec. Un lieu de repos qu’Hélène Guidi anime avec entrain et compétence. En vraie
cheftaine permettant à des enfants fragiles de se refaire tranquillement la cerise.
Et puis un jour tout bascule. Fini les jolies colonies de vacances. La guerre est là, déclarée,
perdue, le pays coupé en deux, les Boches à Paris, Pétain à Vichy, l’étoile jaune sur la
poitrine 300 000 Juifs de la capitale ou d’ailleurs traqués et cherchant désespérément où se
cacher et où mettre leurs enfants en sécurité. Alors de son bout du monde, de son bout du
bout, de son « loin de tout » Prélenfrey devient une autre étoile, celle du Berger, le lieu idéal
pour disparaître des radars et se mettre à l’abri.
Retrouvant lettres, documents, et surtout un ensemble de 200 textes écrits par de jeunes
résidents, Dominique Lardet fait revivre ces années noires où tous les habitants du village,
chacun à sa manière mais tous avec un courage exemplaire, mirent leur vie en sursis pour
protéger des petits juifs bien portants cachés parmi des petits enfants malades.