Tout le monde (ou presque) a déjà vu au moins une fois la scène d’un Gene Kelly, le cœur amoureux, faisant des claquettes sous une pluie battante après avoir quitté Debbie Reynolds. Un plan séquence magique qui résume à lui seul le film de Stanley Donen et la quintessence de ce qu’est la comédie musicale hollywoodienne dans les années 50. Un mélange de glamour, de danse chorégraphiée au cordeau sur une partition sucrée engendrant le bonheur. L’air, signé Nacio Herb Brown, est sans doute le plus connu lorsqu’on évoque les comédies musicales.
Stanley Donen en 1967. Crédit Keystone
Vincente Minnelli, années 1950. Crédit Wikipedia / Brigadoon de Vincente Minnelli (1954)
Né dans une famille de saltimbanques, Vincente Minnelli débute comme dessinateur de costumes et décorateur. Nommé directeur artistique du fameux Radio City Music Hall de New York en 1933, il fait ses débuts en montant le spectacle "Ziegfeld Follies", du nom d’une série de productions théâtrales de Broadway, inspirées des Folies Bergère parisiennes.
En 1946, V. Minnelli en fera un film avec Fred Astaire dans le rôle titre sur des musiques, entre autres, de George Gershwin, qui a composé 22 ans plus tôt sa Rhapsody in blue, pour piano et orchestre, un bijou de l’union réussie entre la musique classique et le jazz au passage. Stanley Donen a 10 ans, lui, lorsqu’il débute, en 1934, une carrière de danseur tout en poursuivant ses études secondaires. À 16 ans, il joue à Broadway dans Pal Joey et se lie d'amitié avec un certain Gene Kelly. Puis, il est à l’affiche dans Best Food Forwards. Gene Kelly en est la vedette et le chorégraphe. En 1942, il devient son collaborateur à Hollywood. Leur originalité se trouve dans des chorégraphies innovantes et dans des scénarios réalistes.
En 1949 sort On The Town ("Un Jour à New York" dans sa version française) une adaptation de la comédie musicale de Broadway de Betty Comden et Adolph Green. Le film, au casting duquel on retrouve Frank Sinatra, raconte l'histoire de marins en permission. Ce sera le premier film musical tourné en décor naturel.
En 1955 sort "Beau fixe sur New York" dans son titre en français, dont est extrait It’s always fair weather. Un film, encore, de Stanley Donen et Gene Kelly. Au début des années 1940, V. Minnelli a rejoint la célèbre Metro Goldwyn Meyer (MGM). Il trouve alors ternes et statiques les mises en scène hollywoodiennes et entreprend de rendre dans ses films l'atmosphère des peintres qui le touchent : les fauves, les impressionnistes et les surréalistes. Entre 1943 et 1950, il tourne pas moins de dix films dont six sont des comédies musicales.
Dans "Le Chant du Missouri" (Meet me in Saint Louis dans sa version originale), un film de 1944, Judy Garland, oscarisée en 1939 pour Le Magicien d’Oz, est déjà une star. Minnelli l’épousera l’année suivante. Ensemble, ils donneront naissance à une fille, Liza, qui deviendra, à son tour la chanteuse et comédienne que l’on connaît, inoubliable interprète, entre autres, de New York, New York, dans la comédie musicale du même nom de Martin Scorsese, sortie en 1977.
Le 4 octobre 1951 est projeté en avant-première dans l’une des plus grandes salles de New York, Un Américain à Paris. Neuf mois plus tard, ce sera au tour de la France de succomber au charme de Leslie Caron et Gene Kelly. Dans un Paris mythique de carte postale, le film de V. Minnelli conte l’histoire d’une riche héritière qui s'éprend d’un jeune peintre américain (interprété par Gene Kelly). Mais celui-ci tombe amoureux de Lise (jouée par Leslie Caron), mais qui elle-même est promise à un autre homme, Henri (incarné par Georges Guetary).
L’énorme succès public et critique du film ouvre à la Française Leslie Caron les portes de Hollywood. Placée sous contrat avec la MGM, elle tournera d’autres grands succès comme La Pantoufle de verre en 1955 de Charles Walters ou Gigi en 1958, toujours de V. Minnelli. En 2014, "Un Américain à Paris" a été transposé sur scène pour la première fois au Théâtre du Châtelet à Paris dans une mise en scène, signée Christopher Wheeldon. Deux ans après le succès d’"Un Américain à Paris", Vincente Minnelli, qui a tout juste 50 ans, tourne en 1953 The Band Wagon, plus connu en France sous le nom de "Tous en scène".
Avec à la baguette le compositeur Arthur Schwartz, et produit par Arthur Freed pour la MGM dans la foulée de "Chantons sous la pluie", de Stanley Donen, "Tous en scène" partage de nombreux points communs : même duo de scénaristes, même trame narrative de l’histoire d'un échec d'une production et comment la relancer. Parmi les séquences les plus connues, le pas de deux dans le parc de Fred Astaire et Cyd Charisse (le célèbre Dancing in the dark), probablement l'un des plus parfaits jamais filmés).
Avec "Un Jour à New York" en 1949 et "Chantons sous la pluie" en 1952, l’autre immense succès de Stanley Donen a les traits d’une jolie brunette nommée Audrey Hepburn. "Drôle de frimousse" (Funny Face en anglais) sort en 1957 et dépeint le monde de la mode et de l’édition à travers Dick Avery (joué par Fred Astaire), photographe à la recherche d’un modèle pour présenter les dernières créations du couturier Paul Duval. Un jour, il tombe sur Joelle, ravissante Audrey Hepburn en jeune libraire plus attirée par la philosophie que par les podiums. Elle acceptera la proposition de se rendre à Paris dans le seul but de rencontrer un éminent professeur de littérature…
Un an seulement après Tous en scène, Brigadoon sort sur les écrans et Minnelli confie à nouveau le premier rôle féminin à Cyd Charisse. Le cinéaste est à l’apogée de sa carrière en cette année 1954. Il s’éloigne d’ailleurs de la comédie musicale et signe en 1956 "La Vie passionnée de Vincent Van Gogh" avec Kirk Douglas dans le rôle titre. Un dernier énorme succès commercial et critique, en 1958, viendra couronner sa carrière. Ce succès, c’est bien sûr "Gigi", et sa chanson éponyme chantée par Louis Jourdan, dont l’action se déroule encore en France. Comme dans "Un Américain à Paris", Leslie Carron, aux côtés de M. Chevalier et L. Jourdan, crève l’écran.
En 1976, "Nina", où Liza Minnelli, sa fille, aura le premier rôle, sera le dernier film du grand Vincente. Stanley Donen, lui, cessera peu à peu de tourner des comédies musicales au profit de films plus académiques avec un certain succès. "Charade" en 1963 (avec le couple Audrey Hepburn-Cary Grant) et "Arabesque" en 1966 (avec à l’affiche Gregory Peck-Sophia Loren) constituent deux monuments du 7e art. Deux films à la fabuleuse bande originale signée Henry Mancini.
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