"Pourquoi on est en 2018 ? Pourquoi il y a un jour de pause dans la semaine qui fait sept jours ? Pourquoi est qu'on est en vacances jeudi prochain ? Pourquoi Messi fait un drôle de geste quand il entre sur un terrain de football ?" Toutes ces questions relèvent de l'enseignement du fait religieux. À l'heure où on parle de laïcité en panne, d'antisémitisme, d'islamophobie, de mépris des religions et d'inculture religieuse, Marine Quenin œuvre dans les écoles pour initier les enfants à la laïcité et aux religions par le jeu. Elle est la fondatrice de l'association non confessionnelle Enquête, lauréate de l’initiative présidentielle "La France s’engage" (2015).
À part au sein de la famille ou d'un espace confessionnel, où parle-t-on du fait religieux du point de vue de la connaissance ? "Et quel meilleur espace que celui de l'école?", demande Marine Quenin, qui observe que les enfants "ça les passionne". La fondatrice d'Enquête se dit agnostique, ce qui ne l'empêche pas d'avoir cette conviction : "Les religions font partie de notre quotidien, elles structurent l'organisation du temps et de l'espace d'un certain nombre de pratiques sociales." Par ailleurs, elles font partie de l'actualité. "Sans connaissance sur ces sujets-là on est analphabètes d'un certain nombre de choses".
Pour Marine Quenin c'est évidemment aux enseignants de le faire. "C'est un serpent de mer cette histoire d'enseignement du fait religieux, l'institution elle-même ene parle depuis 1989, c'est dans les programmes depuis quelques années, mais ce n'est pas nécessairement fait car on n'a pas une discipline en tant que telle, comme vous allez avoir maths, histoire ou français." Du côté des enseignants, difficile d'enseigner "une question socialement vive", comme la qualifie Marine Quenin. Ils peuvent éprouver "des angoisses à l'aborder", une "peur des parents ou de l'institution".
L'enjeu, au travers de l'enseignement du fait religieux à l'école, c'est aussi "d'apaiser sur ces sujets" et de favoriser "une laïcité d'intelligence", comme le disait Régis Debray dans son rapport de 2002 sur "L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque".
"Cette loi sur la laïcité est fantastique !" Marine Quenin nous rappelle, s'il en était nécessaire, qu'"elle vous garantie des libertés fondamntales, de croire ou de ne pas croire, de changer de religion et de pratique". Dans certains pays "se dire athée est extrêmement compliqué" et même "illégal" de changer de religion.
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"Sujet tabou je sais pas, mais sujet sensible, socialement vif." Un peu comme la sexualité ou l'argent, c'est compliqué d'en parler. La France entretient selon Marine Quenin, qui a l'expérience des voyages, "un rapport particulier au religieux", et "surtout depuis quelques années". La fondatrice d'Enquête, l'admet, "il y a une crispation autour de l'islam, mais ce n'est pas en n'en parlant pas qu'on va régler quoi que ce soit !"
Elle rappelle que parler des religions n'a pas pour objectif de convertir les enfants, juste de leur expliquer "la différence entre croire et savoir". Et même si les convictions que l'on porte quand on est croyant ou si on ne l'est pas sont d'une réelle importance, "on peut se mettre d'accord sur un cadre qui nous permette d'être ce qu'on est".
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