Au lendemain de la seconde guerre mondiale, 70 000 oeuvres d'art spoliées par les nazis ont été retrouvées en Allemagne, et 2200 d'entre elles n'ont pas été reclamées. Jusqu'au 15 mai 2023, 27 d'entre elles sont exposées à Strasbourg, au palais Rohan. On les appelle les MNR, pour Musée National de la Récupération, et elles appartenaient principalement à des familles juives. pour en savoir plus, Thierry Weber s'est entretenu avec Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quelque 61 000 œuvres et objets d'art spoilers par les nazis ont été retrouvés en Allemagne, 2200 n'ont pas été réclamés. 27 d'entre elles font l'objet d'une exposition à Strasbourg, au Palais Rohan, jusqu'au 15 mai 2023. Des œuvres dites MNR : Musée National de la Récupération, qui appartenaient principalement à des familles juives. On en parle avec Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg.
RCF Alsace Dans cette exposition, il y a 27 œuvres MNR. Qu'est ce que MNR et quels sont les enjeux derrière ses œuvres?
Paul Lang MNR C'est un acronyme effectivement un peu mystérieux. Cela veut dire Musées Nationaux Récupération. Ce sont des œuvres qui proviennent de spoliations réalisées sous l'Occupation pendant la période en France entre 1940 et 1944. Ce sont des œuvres dont nous ne sommes pas propriétaires, dont l'Etat français n'est pas même propriétaire, mais tout juste dépositaire, et qui sont encore en quête de leurs légitimes ayants droit.
RCF Alsace Est ce que cette exposition, c'est un travail de mémoire ou est ce que ça fait partie d'un travail de mémoire?
Paul Lang Absolument. Et je pense qu'à Strasbourg, étant donné la particularité de et des musées de Strasbourg dans le paysage muséal français, nous devons être particulièrement attentifs à ça. C'est aussi un devoir légal. Les musées sont des institutions publiques où sont des musées citoyens et qui doivent être attentifs à cela.
RCF Alsace Cette exposition, ce n'est pas juste des tableaux ou des œuvres figées, mais c'est quelque chose qui est en mouvement, il y a un travail universitaire pour voir à qui appartenaient ces œuvres et qui va, je crois, se ponctuer à la fin de cette exposition par un événement.
Paul Lang Nous avons un programme d'accompagnement autour de cette explosion avec une série de conférences, de projections, de visites. C'est le fruit d'une collaboration, d'un partenariat d'associations même avec l'université de Strasbourg. Mais le point d'orgue de ce programme d'accompagnement se tiendra en juin dans le cadre d'un symposium international. C'est une exposition qui n'est pas figée parce que dans un monde idéal, à la fin de l'exposition, le 15 mai, elles devraient avoir retrouvé leurs légitimes propriétaires. Ça, c'est c'est un peu utopique puisque depuis qu'ils nous ont confié la situation absolument inchangée, alors que d'autres œuvres classées MNR ont pu retrouver leurs propriétaires depuis 1950. Ce n'est pas encore le cas pour les œuvres confiées au Musée de la ville de Strasbourg.
RCF Alsace Un des personnages tristement célèbres présent dans cette exposition, c'est Goering qui avait plusieurs œuvres pour le projet d'un musée qui n'a jamais vu le jour. Que pouvez-vous nous dire de son rôle dans cette spoliation ?
Paul Lang Alors il y a eu deux projets. Il y a eu le projet personnel de Hitler, pour un musée un peu mégalomane qui devait se tenir et qui devait être créé à Linz. Et puis, la collection particulière de Goering qui était manifestement un très grand collectionneur. Donc, dans nos œuvres confiées au musée de la ville de Strasbourg, quatre œuvres étaient dans sa collection, dont un chef-d'œuvre absolu, un tableau de Lucas de Leyde, Les Fiancés, qui est un des joyaux de la collection du musée des Beaux-Arts. Comme quoi on peut être un homme très cultivé, très amateur d'art et un monstre absolu.
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