Le 6 novembre 2018, les Américains vont renouveler la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Ces élections de mi-mandat se tiennent donc deux ans après l'élection de Donald Trump, et depuis le 8 novembre 2016 le président des États-Unis ne cesse de défrayer la chronique, remettant en cause bon nombre des fondamentaux de la politique américaine, tant sur le plan intérieur qu'en matière de politique étrangère. Chacun tente de suivre les méandres de sa pensée et de son action. Ainsi début octobre, la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême a bouleversé une bonne partie de l'Amérique.
Que représente Donald Trump dans l'histoire politique américaine ? "Difficile de dire si c'est un accident", pour Bertrand Van Ruymbeke. Selon lui, il est probable que le président américain soit une sorte d'"opportuniste qui a bénéficié d'un climat favorable". Et toujours selon lui, Trump est en tout cas "très américain" et correspond à "une certaine tradition américaine des présidents millionnaires qui savent profiter des failles du système". Mais "son cas est particulier car il n'a pas d'expérience politique et il a face lui des professionnels de la politique".
Un "cas" qui inspire confiance aux ménages américains. Laurence Nardon nous rappelle que l'indice de confiance des ménages américains dans l'économie, négatif tout au long des huit années de la présidence Obama, est devenu positif "la semaine même de l'éclection de Trump", d'après l'Institut Gallup. "Ce président, ce qui est étonnant, c'est qu'il inspirre confiance économiquement aux Américains." Or, si on se souvient de son discours d'investiture le 20 janvier 2017, "il reprenait vraiment les axes les plus sombres, les plus angoissés de son programme et de son discours pendant sa campagne". Pour l'auteure du livre "Les États-Unis de Trump en 100 questions" (éd. Tallandier), Donald Trump répond à l'angoisse des classes moyennes, dans un populisme "de droite et de gauche, une espèce de mix qui est très intéressant". Si les classes moyennes auxquelles il s'adresse sont blanches à 60%, on constate que "son discours économique ne parle pas de couleur de peau".
Hormis sur des sujets économiques, l'idée d'une identité américaine menacée revient souvent dans les discours de Donald Trump. Dans son ouvrage, massif et passionnant, "Histoire des États-Unis - De 1492 à nos jours" (éd. Tallandier), Bertrand Van Ruymbeke parle du nativism. Apparu au XIXe siècle, ce mouvement dont le nom est issu du terme native par opposition au foreign born, est un courant d'opoosition à l'immigration qui a connu depuis son émergence "des hauts et de bas". "Trump représente un haut de ce mouvement", explique Bertrand Van Ruymbeke.
L'historien rappelle aussi les cinq fondamentaux de la culture américaine que sont : la croissance, la diversité, l'inventivité, la violence et l'espace. Dès leur arrivée, "les Euro-Américains ont été confrontés à l'espace... L'espace a toujours été un attrait de la colonisation". L'Amérique s'est constituée de ces afflux de colons, ceux-là même que Donald Trump veut bloquer à la frontière mexicaine.
Trump n'a cependant pas tous les pouvoirs aux États-Unis. "Le président n'est pas tout puissant, il n'est pas omnipotent, il y a les États, les comtés, les municipalités..." Bertrand Van Ruymbeke décrit "un patchwork d'institutions superposées les unes aux autres où le local est extrêmement important" : dans la société américaine "c'est contradictoire car il y a une grande mobilité mais on est attaché à son État, à sa ville, à son comté". Trump, l'un des hommes les plus puissants du monde mais dont la puisance et limitée ? On dit que la Californie a les pouvoirs de s'opposer à la Maison Blanche... "Même Nixon en 67 disait que les États-Unis n'ont pas besoin d'un président."
Aux origines de cet attachement au local, le mythe de la Frontière, constitutif de la construction mythologique des États. En 1893, Frederick Jackson Turner avance la thèse de la Frontier et montre dans un essai resté celèbre "The Significance of the Frontier in American History" comment le peuplement des régions de l'Ouest a sans cesse repoussé le "point limite entre les pays indiens et la civilisation".
Elisabeth Geffroy, avec Baudouin de Guillebon et Floriane de Rivaz sont les auteurs de la première biographie de Dorothy Day (1897-1980). Militante catholique américaine, cette journaliste a été proche de l'ultra gauche et a mené une vie de bohème avant de se convertir au catholicisme. Dorothy Day est devenue une des figures de la gauche chrétienne américaine, récipiendaire du prix Pacem in Terris en 1971. En 2000 a été anoncée l'ouverture de l'enquête en vue de sa béatification. The Catholic Worker, mouvement qu'elle a fondé en 1933 existe toujours aujourd'hui.
L'an dernier à Paris, dans le XXe arrondissement un café associatif a été ouvert qui porte de son nom, en hommage à une figure qui "fait exploser toutes les cathégories socio-politiques", comme le dit Elisabeth Geffroy.
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