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Garder la mémoire de Lyon, avec le photographe Bruno Paccard

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 14 juin 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
L'Entretien de la semaineBruno Paccard, photographe : "Les humains me fascinent"

En ce moment, et jusqu'au 16 septembre 2023, franchir la porte des Archives municipales de Lyon, c’est s’offrir l’opportunité de voir des photographies qui retracent l’histoire de la ville des Lumières. Depuis 60 ans, le photographe Bruno Paccard immortalise l’impermanence. Les 250 clichés exposés permettent un voyage dans le temps et révèlent un autre visage de Lyon.

© Bruno Paccard© Bruno Paccard

Pour la photographe Aurélie Foussard, le travail de Bruno Paccard a une "beauté toute particulière, non ostentatoire : celle de la métamorphose possible en chacun à tout instant". Ce "photographe des chemins et des rues, qui partage la vie des êtres et l’usure des choses" s’attache à laisser une trace de ce et de ceux qui se métamorphosent.

 

"Les humains me fascinent"


La rétrospective consacrée à Bruno Paccard permet d’aborder son travail via plusieurs entrées. Les 250 clichés exposés aux Archives municipales montrent aussi bien la métamorphose des villes que des portraits d’anonymes ou de personnalités. "En photographiant les autres,  je cherche peut-être un miroir. Les humains me fascinent", explique le photographe. Entre 1976 et 2016, il se rend chaque année à la foire aux chevaux de Fay-sur-Lignon. Fasciné par l’ambiance et par les personnes, il se rend "chez les paysans pour capturer des visages qui datent presque d’une autre époque". Craignant de voir ce monde-là disparaître, Bruno Paccard décide de laisser une trace avec son "travail colossal intitulé Nous sommes les derniers" et qui leur rend hommage.

 

Il y a quelques années, Bruno Paccard est aussi missionné par les archives de Lyon : il doit photographier un camp de Rom qui accueille 800 personnes. "Ça m'a intéressé, ça témoigne des évolutions de la ville de Lyon, je voulais garder des traces et laisser une mémoire de tout ça".

 

Quel rapport à "l'impermanence" ?

 

S’il est une chose qui ait du sens pour Bruno Paccard, c’est le mot d’impermanence. En japonais, le mot "wabi-sabi" l’exprime très bien. "Pour saisir le temps qui passe, j’opte pour une esthétique minérale, je me penche sur l’usure, sur la rouille, sur les ombres", explique le photographe, qui déplore que "l’on jette autant les choses dans nos sociétés occidentales".

 

"La photo m’a aidé à vivre et m'a permis d’aller vers les autres grâce à l’appareil". Enfant, Bruno Paccard est timide : "je regardais souvent le sol", se souvient-t-il. Un sol qu’il apprend à regarder différemment et qui est la source de son travail "Mémoires d’asphalte", commencé dans les années 1990.

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