ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS : LES REDIFFUSIONS DE RCF - Dans le contexte d'épidémie de coronavirus, les équipes RCF se mobilisent pour vous informer, vous accompagner et permettre à tous de rester en communion par la prière. Durant cette période de confinement, RCF vous propose de réentendre des émissions pour vous évader et vous aérer.
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'Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.' Ce psaume 22, sans doute l'un des plus célèbres, Guy Miel l'a compris 'vers la fin' de sa vie de berger. Aujourd'hui retraité, il continue d'être diacre, de visiter les personnes âgées ou malades de sa région. Alors ce psaume 'de confiance et de réconfort', il en sait toute la densité. 'Quand on en sait plus où on en est, quand on est malmené, quand on a des gros soucis, quand on a de la déprime, le relire si on a la foi car il nous remet en communion avec le Seigneur qui ne nous abandonnera jamais !' Pas de grand discours ni de théorie abstraite chez l'auteur de 'Ayez l'odeur de vos brebis !' (éd. Médiaspaul). Guy Miel partage sa vie d''homme, tout simplement'.
Guy Miel a passé presque toute sa vie sur les contreforts du Vercors, dans un hameau du Haut-Diois, à 1.200 mètre d'altitude. Dans la pièce principale de sa maison, autrefois, il y avait des brebis. Pas de carrelage mais de la terre battue et une couche épaisse... de fumier ! Pas d'électricité non plus ni d'eau courante, il fallait aller la chercher à la fontaine. Aujourd'hui on s'y sent encore comme au début du XXe siècle, avec cette belle table en bois au milieu de la pièce, et surtout le tic tac des vieilles horloges que Guy Miel aime réparer.
Le temps passe-t-il plus lentement ici ? Possible, en tout cas, pour rien au monde Guy Miel n'irait vivre à la ville. Lui qui a grandi à Saint-Raphaël (Var), il sait ce que c'est, la foule des mois d'été sur la Côte, et il ne l'a jamais aimée ! Pour lui, 'les vraies valeurs de la vie' c'est ça : 'Vivre en pleine communion avec tout ce qui nous entoure, les autres, la nature...'
Dans le Diois il en voit beaucoup, de ces néoruraux qui repeuplent les villages. 'On a l'écologie à fond, quelque chose qui démarre et qui attire beaucoup de gens.' Sans doute obéissent-ils à un effet de mode. Mais sans doute aussi que 'les gens en ont besoin'.
'La nature, nous dit Guy Miel, elle vous recentre, elle vous recadre, elle permet de retrouver pourquoi l'homme est fait : naître, vivre, mourir.' Lui c'est vers 10 ou 12 ans qu'il a su qu'il serait berger. Un choix à contre-courant de l'ascension sociale amorcée par son père, petit-fils de bergers devenu épicier. 'Je lui ai toujours un peu reproché de renier ses origines.' Mais aussi, reprendre l'épicerie, ça ne le 'fait pas vivre intérieurement'. Alors il a choisi la vie de berger.
'On partait avec sa musette sur le dos le matin et on rentrait le soir, on avait passé toute la journée avec son troupeau, c'était quelque chose qui vous prenait, c'était votre vie, il n'y avait pas autre chose !' Mais même une fois berger, Guy Miel est allé à contre-courant. Ce jour où il a laissé son troupeau pour aller récupérer une brebis perdue et blessée, qu'il l'a portée sur son dos. Elle pesait lourd alors il était 'exténué mais heureux'. Mais ses patrons le lui ont reproché, il aurait aurait dû la laisser mourir.
Lui n'aurait pas pu mieux illustrer la parabole de la brebis perdue. 'Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve?' (Lc 15, 4)*. Si Guy Miel ne s'est jamais marié, c'est un peu parce que son troupeau c'était sa famille, il en prenait soin comme un père prend soin de ses enfants. 'J'aimais mes bêtes comme un père de famille qui aime que ses enfants réussissent, j'amais que mes brebis mangent bien, trouvent une nourriture appropriée.' Cela peut nous étonner aujourd'hui, ce côté radical de la vie de berger, mais à l'époque il n'y avait pas les fils électriques pour empêcher les brebis de s'égarer.
C'est aussi que Guy Miel n'a jamais eu peur de la solitude, mais de la 'bonne solitude'. 'La mauvaise solitude c'est celle qu'on est obligé d'assumer car on n'a plus d'amis autour de soi, ni de famille.' Grand admirateur de Marcel Légaut, de 'cette sagesse, de son calme, de son écoute', c'est dans la solitude et le silence que le diacre reste en lien avec les autres. Tous ceux qu'il rencontre au village, à l'hôpital et qui lui confient leur détresse.
Alors non, Guy Miel n'est pas vraiment un solitaire, c'est juste que : 'on a besoin de solitude, on a besoin de silence'. Il a failli devenir moine ou prêtre, mais tout cela ne s'est pas fait. Il a été berger, il reste diacre et oblat bénédictin, dans la région ont dit de lui qu'il est un sage. Quand on dit qu'il est un homme tout simplement, il répond : 'Vous avez tout dit !'
Émission d'acrhive diffusée en décembre 2017
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