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Guy Miel, la vie d'un berger du Diois

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
VisagesGuy Miel, la vie d'un berger du Diois
Vers 10 ou 12 ans, il a su qu'il serait berger. Guy Miel a passé presque toute sa vie sur les contreforts du Vercors, dans un hameau du Haut-Diois, à 1.200 mètres d'altitude. Rencontre.
RCF / Thierry Lyonnet - Guy MielRCF / Thierry Lyonnet - Guy Miel

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'Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.' Ce psaume 22, sans doute l'un des plus célèbres, Guy Miel l'a compris 'vers la fin' de sa vie de berger. Aujourd'hui retraité, il continue d'être diacre, de visiter les personnes âgées ou malades de sa région. Alors ce psaume 'de confiance et de réconfort', il en sait toute la densité. 'Quand on en sait plus où on en est, quand on est malmené, quand on a des gros soucis, quand on a de la déprime, le relire si on a la foi car il nous remet en communion avec le Seigneur qui ne nous abandonnera jamais !' Pas de grand discours ni de théorie abstraite chez l'auteur de 'Ayez l'odeur de vos brebis !' (éd. Médiaspaul). Guy Miel partage sa vie d''homme, tout simplement'.
 

'La nature, elle vous recentre, elle vous recadre, elle permet de retrouver pourquoi l'homme est fait : naître, vivre, mourir'

 

Guy Miel, la sobriété heureuse

Guy Miel a passé presque toute sa vie sur les contreforts du Vercors, dans un hameau du Haut-Diois, à 1.200 mètre d'altitude. Dans la pièce principale de sa maison, autrefois, il y avait des brebis. Pas de carrelage mais de la terre battue et une couche épaisse... de fumier ! Pas d'électricité non plus ni d'eau courante, il fallait aller la chercher à la fontaine. Aujourd'hui on s'y sent encore comme au début du XXe siècle, avec cette belle table en bois au milieu de la pièce, et surtout le tic tac des vieilles horloges que Guy Miel aime réparer.

 


©RCF / Thierry Lyonnet - Guy Miel dans sa maison

 

Le temps passe-t-il plus lentement ici ? Possible, en tout cas, pour rien au monde Guy Miel n'irait vivre à la ville. Lui qui a grandi à Saint-Raphaël (Var), il sait ce que c'est, la foule des mois d'été sur la Côte, et il ne l'a jamais aimée ! Pour lui, 'les vraies valeurs de la vie' c'est ça : 'Vivre en pleine communion avec tout ce qui nous entoure, les autres, la nature...'
 

'Moi j'aime bien le matin voir le soleil qui se lève doucement, qui sort de derrière la montagne, qui nous éclaire progressivement, avec des couleurs qui changent otut au long de la journée. Et quand c'est l'heure de midi, le soleil plus haut qui tape, il faut aller s'arrêter, se reposer un peu... Et puis le soir cette lumière qui décline, tout doucement et qui repasse de l'autre côté de la montagne, c'est beau, on vit avec ça!'

 


©RCF / Thierry Lyonnet - La chapelle du hameau des Tatins, que Guy Miel a restaurée

 

La vie de berger

Dans le Diois il en voit beaucoup, de ces néoruraux qui repeuplent les villages. 'On a l'écologie à fond, quelque chose qui démarre et qui attire beaucoup de gens.' Sans doute obéissent-ils à un effet de mode. Mais sans doute aussi que 'les gens en ont besoin'.

'La nature, nous dit Guy Miel, elle vous recentre, elle vous recadre, elle permet de retrouver pourquoi l'homme est fait : naître, vivre, mourir.' Lui c'est vers 10 ou 12 ans qu'il a su qu'il serait berger. Un choix à contre-courant de l'ascension sociale amorcée par son père, petit-fils de bergers devenu épicier. 'Je lui ai toujours un peu reproché de renier ses origines.' Mais aussi, reprendre l'épicerie, ça ne le 'fait pas vivre intérieurement'. Alors il a choisi la vie de berger.

 


©RCF / Thierry Lyonnet - Sur le mur de la maison de Guy Miel, un cadran solaire : 'Le temps passe, passe-le bien'

 

'On partait avec sa musette sur le dos le matin et on rentrait le soir, on avait passé toute la journée avec son troupeau, c'était quelque chose qui vous prenait, c'était votre vie, il n'y avait pas autre chose !' Mais même une fois berger, Guy Miel est allé à contre-courant. Ce jour où il a laissé son troupeau pour aller récupérer une brebis perdue et blessée, qu'il l'a portée sur son dos. Elle pesait lourd alors il était 'exténué mais heureux'. Mais ses patrons le lui ont reproché, il aurait aurait dû la laisser mourir.

Lui n'aurait pas pu mieux illustrer la parabole de la brebis perdue. 'Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve?' (Lc 15, 4)*. Si Guy Miel ne s'est jamais marié, c'est un peu parce que son troupeau c'était sa famille, il en prenait soin comme un père prend soin de ses enfants. 'J'aimais mes bêtes comme un père de famille qui aime que ses enfants réussissent, j'amais que mes brebis mangent bien, trouvent une nourriture appropriée.' Cela peut nous étonner aujourd'hui, ce côté radical de la vie de berger, mais à l'époque il n'y avait pas les fils électriques pour empêcher les brebis de s'égarer.

 


ÉCOUTER â–º Marcel Légaut, maître spirituel et écolo avant l'heure

 

Une vie d'homme, 'tout simplement'

C'est aussi que Guy Miel n'a jamais eu peur de la solitude, mais de la 'bonne solitude'. 'La mauvaise solitude c'est celle qu'on est obligé d'assumer car on n'a plus d'amis autour de soi, ni de famille.' Grand admirateur de Marcel Légaut, de 'cette sagesse, de son calme, de son écoute', c'est dans la solitude et le silence que le diacre reste en lien avec les autres. Tous ceux qu'il rencontre au village, à l'hôpital et qui lui confient leur détresse.

 


©RCF / Thierry Lyonnet - Guy Miel signe le livre d'or de l'émission Visages

 

Alors non, Guy Miel n'est pas vraiment un solitaire, c'est juste que : 'on a besoin de solitude, on a besoin de silence'. Il a failli devenir moine ou prêtre, mais tout cela ne s'est pas fait. Il a été berger, il reste diacre et oblat bénédictin, dans la région ont dit de lui qu'il est un sage. Quand on dit qu'il est un homme tout simplement, il répond : 'Vous avez tout dit !'

 

Émission d'acrhive diffusée en décembre 2017

 

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