Il est le roi qui a réconcilié les Français. En deux décennies de règne, et au lendemain d'une atroce guerre civile - ou plutôt des huit guerres civiles que furent les huit guerres de Religion - Henri IV a redressé le pays. Ce roi qui a changé de confession religieuse à six reprises, ce roi séducteur que l'on disait capable de se faire aimer des pierres elles-mêmes, on le redécouvre avec Jean-Christian Petitfils, historien de la royauté, auteur de la biographie "Henri IV" (éd. Perrin).
Avec sa biographie d’Henri IV, Jean-Christian Petitfils achève un ensemble monumental d’ouvrages publiés par les éditions Perrin : la galerie des cinq rois bourbons d’Ancien Régime, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Une façon de remonter aux origines de la France moderne.
Celle qui voit Henri de Navarre monter sur le trône en 1589, est à feu et à sang, déchirée depuis plus de 20 ans par les guerres de Religion. Des guerres "qui sont aussi des guerres néo-féodales", car les grands, des princes ou des ducs ambitieux, n’hésitent pas à adopter tantôt la confession catholique, tantôt protestante, pour se constituer des "clientèles" et consolider leur pouvoir.
Depuis que la Réforme est arrivée en France, dans les années 1560, on remet en cause la notion de sacrifice de la messe, la présence réelle, le culte des saints, l’existence du purgatoire, l’adoration eucharistique… Avec des tensions d’autant plus fortes que la religion structure à cette époque toute la société. Les hostilités vont commencer avec le massacre de Wassy en 1562 que tout va commencer.
Baptisé catholique, Henri IV a reçu par sa mère éducation calviniste - un calvinisme très dur mais sa foi protestante n’a jamais été "ardente". Pour se marier avec Marguerite de Valois, une catholique et fille du roi de France, il a fallu une dispense du pape. Mais après le massacre de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572, qui a suivi de peu son mariage, il a abjuré le protestantisme. Pour ensuite redevenir protestant. Ainsi, à la mort de Henri III c’est bien un protestant que l’on s’apprêtait à voir sacrer roi.
Catholique ou protestant, qu'était-il vraiment ? Pour Jean-Christian Petitfils, Henri IV "n’était pas vraiment catholique et il n’était pas vraiment protestant". Il croyait "à la messe et à la présence réelle", mais pas trop à l’adoration du Saint-Sacrement, il était hostile au culte des saints et dubitatif quant à l’existence du purgatoire… En fait il était surtout un véritable génie politique, doté d’une "très grande force de dissimulation". Une fois sacré roi, il a su sortir conserver sa base protestante et faire face à la pression des grands, catholiques, du royaume. Autoritaire il voulait régner en maître absolu sur tous les Français - à sa façon, et si on ose l’anachronisme, il a "fait de l’œcuménisme"...
À la cour de France, lui le provincial, le paysan, s’est toujours senti gauche et mal à l’aise. Par son père, il descendait de saint Louis, et de la dynastie des Valois par sa mère Jeanne d’Albret. Ce prince gascon, élevé à la dure, est resté toute sa vie "un homme de la proximité, aimant parler avec les paysans". Et cette proximité "explique le mythe henricien", qui perdure encore de nos jours. Henri IV a tellement parcouru la France, qu’il est indiscutablement "le roi de France qui a le mieux connu son royaume", estime Jean-Christian Petitfils.
L’actualité s’enracine dans notre histoire. Chaque événement peut être relié au passé pour trouver des clés de compréhension. Relire l’histoire, c’est mieux connaître et comprendre le présent. Chaque semaine, Frédéric Mounier, auteur du blog Les Racines du présent, invite des historiens à croiser leurs regards sur un sujet contemporain pour mieux appréhender notre présent et envisager l’avenir.
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