Le pèlerin et la chanson française ? Un domaine que le magazine n'a pas hésité à traiter. Témoin cette rare interview de Jacques Brel datant de 1961 commentée par Sophie Laurant dans le cadre des 150 ans du journal Le pèlerin.
Cette semaine, dans la série de pages que republie Le pèlerin pour célébrer ses 150 ans, on peut retrouver un article du 29 janvier 1961 consacré à Jacques Brel à l’occasion de son concert à Bobino.
Dans les années 1960, Le pèlerin n’est pas indifférent à ce qu’on appelle alors la variété. Les loisirs et la culture commencent à occuper une place importante dans les pages de l’hebdomadaire. Reflet du goût des classes populaires de l’époque qui redécouvrent après la guerre la joie de se rendre à un concert pour se distraire et d'acheter des disques.
Jacques Brel est déjà connu. Il n’hésite pas à livrer ses états d’âme dans les colonnes du journal. A l’époque, qu’il s’agisse de Brel, de Brassens, de Bécaud, de Reggiani ou de Ferré, les interviews se passaient en tête à tête avec le journaliste très simplement. Il est rafraichissant de voir un chanteur de cette envergure livrer alors son mal de vivre plein d'amertume et de tristesse de ne pas avoir fondé une famille du fait de ses tournées. Toute cette mélancolie, et ce drame intime transparaissent dans ses textes. Il évoque à plusieurs reprises ses défaites en expliquant leur utilité dans le fait de réagir et de progresser. Il explique que si ses chansons sont cruelles comme la vie, qu'elles sont faite pour faire réfléchir à ceux qui l’écoutent et il espère être utile. Jacques Brel reste un chanteur à textes qui dénonce la bêtise et le sectarisme, relate le journaliste en charge de l'interview. C'était en 1961.
Dans un article précédent de 1958, le chanteur belge était présenté comme un artiste chrétien. Sans doute parce qu’il avait commencé sa carrière en tournant auprès des associations caritatives chrétiennes et qu’il était imprégné d'une éducation catholique. Brassens, l’anarchiste, se moquait de lui en l’appelant l’abbé Brel.
Le pèlerin s'intéresse à Jacques Brel à cette époque parce que Brel est un poète affirmé et parce qu’il a du succès auprès des jeunes. On sent que le journaliste veut faire comprendre à ses lecteurs les goûts de la nouvelle génération pour la chanson intelligente même si celle-ci reflète l’inquiétude de notre temps, a-t-il écrit.
L'interview de Jacques Brel est à retrouver dans le numéro de cette semaine en kiosque à partir de jeudi.
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