En 20 ans, la chanteuse a conquis des centaines de milliers de personnes dans le pourtour méditerranéen. Que ce soit en français, en kabyle ou en arabe, seule ou en duo avec Marc Lavoine, Francis Cabrel, Florent Pagny ou encore Ismaël Lô, elle chante l'amour, l'exil, la nostalgie. La chanteuse d'origine algérienne la plus connue en France publie son sixième album, "Oumniya", qui signifie "mon souhait". Un album clairement engagé avec le peuple algérien qui manifeste depuis février 2019 pour plus de démocratie.
Les premiers chants dont elle se souvient, ce sont "les chants de femmes qui nous berçaient pour dormir : j'ai grandi avec ça et avec ces voix qui nous racontaient des histoires". Souad Massi a grandi "au sein d'une famille qui aimait la musique" et c'est peu de le dire ! Avec un oncle joueur de jazz et de flamenco, deux frères musiciens et des cousins qui, presque tous jouent d'un instrument, la chanteuse a grandi accompagnée un répertoire particulièrement éclectique, musique classique, jazz, variété française...
Née en 1972 à Alger, l'artiste d'origine kabyle a connu les heures sombres de la guerre civile algérienne (de 1991 à 2002). "Cette période était très douloureuse, inquiétante, on ne comprenait rien, on vivait vraiment dans la peur, c'était le flou total, on n'avait plus confience en personne." La jeune fille de 20 ans ressentait aussi bien "le désespoir" des siens et qu'une sorte d'admiration à l'égard "des artistes qui réussissaient à faire des choses malgré la peur". Ce que plusieurs ont payé de leur vie, comme Lounès Matoub ou Cheb Hasni.
Un peu rebelle, un peu "garçon manqué", la chanteuse à la douce voix jouait, enfant, au foot et "refusait" d'endosser le rôle "très soumis" des femmes qui l'entouraient. Elle reste aujourd'hui très engagée dans la défense des droits des femmes, notamment contre le mariage forcé. "Depuis toute jeune je me sentais comme si j'avais une mission pour aider les autres."
Devenue ingénieure urbaniste, la jeune fille, issue d'une famille modeste, n'avait pas pour ambition de devenir artiste. D'un naturel timide, introvertie, elle se réfugiait dans la musique pour fuir ce qui était devenu un véritable "complexe".
Si aujourd'hui, elle "arrive à mieux contrôler son trac", elle ne se voit pas comme une grande oratrice capable de mobiliser les foules : elle a tout de même osé prendre la parole lors des récentes grandes manifestations en Algérie. "Honnêtement, je ne fais pas de la politique, je suis une artiste, je suis ingénieure en bâtiment, je n'ai pas les outils pour utiliser des mots très techniques, mais je sens que j'ai le devoir de sensibiliser et de dénoncer les choses qui ne me vont pas."
Émission d'archive diffusée en octobre 2019
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