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La filière culturelle en voie de disparition en Pays de la Loire ?

Un article rédigé par Florian Perray - RCF Anjou, le 21 novembre 2024 - Modifié le 22 novembre 2024

Le monde de la culture tremble en ce moment en Pays de la Loire. La présidente du conseil régionale annonce des coupes budgétaires à tour de bras. De quoi remettre en question le fonctionnement de nombreuses institutions, notamment angevines.

Gros coup dur pour la Maison Julien Gracq de Saint-Florent-le-Vieil ©Mauges CommunautéGros coup dur pour la Maison Julien Gracq de Saint-Florent-le-Vieil ©Mauges Communauté
La culture en souffrance en Pays de la Loire

C’est un coup de fil dont il se serait bien passé. Il y a quelques jours, Jérémy Fabre, le directeur de la Maison Julien Gracq a appris que le Conseil Régional des Pays de la Loire allait considérablement baisser le montant de ses aides l’année prochaine. Pire encore, ces mêmes aides seront tout bonnement supprimées en 2026. Un véritable coup de massue asséné sur la tête du directeur puisque ces subventions régionales représentent actuellement 60% de son budget de fonctionnement, soit entre 130 et 160 000 euros.

On va faire en sorte de se réinventer, mais je ne sais pas encore comment. J'ai l'impression d'avoir pris une sorte de bâton de pèlerin et d'aller toquer à toutes les portes depuis une semaine. Le risque pour nous, c'est d'avoir une perte de vitalité dans le cadre de notre programmation. 

 

Une quasi mise à mort pour la Maison Julien Gracq. Car outre son rôle de musée, où repose actuellement les près de 2500 livres légués par le prix Goncourt 1951, la structure propose aussi de très nombreuses résidences d’artistes. Des auteurs qu'il faut payer. Ils sont rémunérés 2000 euros bruts par mois en droits d’auteur. Sans cette aide, difficile de maintenir le rythme actuel. « Le timing est vraiment mauvais, parce qu’en plus, on vient d’imprimer le programme de notre saison… » se désole Jérémy Fabre.

 

Des coupes budgétaires à plusieurs millions d’euros

 

La maison Julien Gracq n’est pas la seule à (re)faire ses comptes. Autre victime annoncée de ces coupes budgétaires : l’Orchestre National des Pays de la Loire. La direction de l’ONPL ne connaît pas encore le montant exact de la baisse des subventions, mais sait déjà qu'elle sera substantielle. Guillaume Lamas, le directeur général de l’ONPL, a déjà imaginé l’impact de cette décision.

Ça veut dire moins de spectacles, moins de rayonnements, de concerts, de programmes. Et puis des projets plus adaptés à un orchestre permanent, avec moins d'embauches, de grands solistes et de grands chefs d'orchestre. C'est tout un écosystème qui va devoir être repensé.

 

Sur ses 12 millions d’euros de budget, l’aide régionale représente 3 millions d’euros. Alors y-a-til un risque de voir l’ONPL se limiter à la métropole Nantaise ? Là où le bassin de population est le plus important ? Pas question pour Guillaume Lamas qui compte garder un « équilibre régional ».

 

La liste des sites impacté est encore longue :

Selon nos informations, l’Abbaye Royale de Fontevraud devrait perdre près d’un million d’euros. En Mayenne, les nouvelles ne sont pas plus réjouissantes. A Laval, plus de subventions pour le festival « Le chaînon manquant ». Le théâtre de la ville et le centre national des arts de la rue seront aussi touchés.

 

L’opposition régionale crie au scandale

 

La présidente du conseil régional des Pays de la Loire l’a annoncé dans la presse, elle veut faire 100 millions d’euros d’économie sur son budget 2025. Le monde de la culture ligérien doit donc se mettre à la diète. Christelle Morançais, s’est même fendu d’un message sur ses réseaux sociaux dénonçant « un système (…) totalement dépendant de l’argent public ».

Des propos inacceptables pour Céline Véron pour qui, « une politique financée uniquement par le privé, ce n’est plus la garantie d’une culture indépendante » avance l’élue d’opposition au Conseil régional des Pays de la Loire.

 

Les impôts qui financent toutes les formes d'art permettent une culture sans distinction. Il m'est arrivé, moi, femme de gauche, de voter pour des subventions à des structures culturelles qui, à priori, ne me plaisaient pas. Mais il me semble que c'est mon éthique d'élue de pouvoir permettre à d'autres personnes que moi et qui pensent autrement la culture, de pouvoir y accéder !

 

Céline Véron qui en profite pour tacler la présidente du Conseil régional. « Etrangement, elle ne cible pas les événements où elle se met en avant ». Dans son viseur, les « Trophées Joséphine », qui servent à récompenser des femmes ligériennes méritantes, « trop cher pour une portée moindre » selon l’élue d’opposition. Même chose pour le récent tour cycliste des Pays de la Loire.

Contacté par la rédaction, la majorité n’a pas souhaité s’exprimer avant le vote du budget prévu le 19 décembre prochain. L’opposition a déjà demandé son report dans l’optique d’en savoir plus sur les dotations accordées par l’Etat. Une manifestation d'acteurs du monde de la culture est prévue le 25 novembre devant l’hôtel de région à Nantes.

 

Jérémy Fabre, directeur de la Maison Julien Gracq ©RCF Anjou 2024

 

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