La semaine dernière, l’architecte japonais Shigeru Ban était à Paris après être passé par la Pologne afin de superviser l’aménagement de lieux d’accueil pour les réfugiés d’Ukraine.
Shigeru Ban, il faut le savoir, est un des architectes les plus renommés de la planète. Cet homme de 64 ans, a été lauréat en 2014 du Prix Pritzker, la plus prestigieuse distinction que puisse recevoir un architecte. En France, il est connu pour avoir conçu le Centre Pompidou de Metz et la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt. Mais il est aussi réputé depuis longtemps pour son combat dans le domaine de l’architecture d’urgence.
En tant que Japonais, Shigeru Ban est issu d’une culture où l’on utilise des ressources très simples pour la construction. Des structures en bois et en bambou, des cloisons en papier. Cela l’a amené à réfléchir à l’utilisation, dans le même esprit, de matériaux modernes comme les tubes de cartons ou le polycarbonate translucide. Son souci étant de réduire l’impact de la construction sur l’environnement.
En 1995, un terrible tremblement de terre frappe Kobé, au Japon. Et Shigeru Ban décide de mettre son savoir-faire au service des sinistrés. Des maisons provisoires sont construites avec des murs en tubes de carton et un soubassement constitué de caisses bière en plastique remplies de sable. De tels abris seront ensuite développés pour d’autres lieux : Rwanda, Turquie, Inde, Haïti, Louisiane, Chine ou Sri Lanka…
Une chose à souligner est que ce travail d’urgence de Shigeru Ban enrichit le reste de sa production. Frappé par le nombre de personnes à Kobé qui furent blessées par la chute de leurs meubles, il conçoit ce qu’il appelle des "maisons meuble" dans les murs sont faits avec des placards et des bibliothèques standard, de type Ikea, dirons-nous.
Il ne faut pas croire que ce sont des constructions fragiles. Le bâtiment d’urgence le plus célèbre de Shigeru Ban est la cathédrale provisoire qu’il a conçue pour le diocèse anglican de Christchurch en Nouvelle-Zélande, après un tremblement de terre en 2011. Un bâtiment en tubes de carton dont la ligne faîtière se situe à 21 mètres de haut et qui peut accueillir 700 fidèles. Eh bien, dix ans après, j’ai vérifié, le bâtiment est toujours en service et semble très bien se porter.
Un dispositif beaucoup plus léger qu’il appelle le système de cloisons en papier. Des tubes de carton et des rideaux en tissu qui, à l’intérieur d’un gymnase, par exemple, permettent de créer des espaces clos pour deux, quatre ou six personnes. Ce système peut être installé très rapidement grâce au savoir-faire de l’ONG fondée par Shigeru Ban, Voluntary architects network, que l’on peut traduire par Réseau des architectes bénévoles. La semaine dernière, des étudiants en archi de Versailles ont ainsi monté 42 unités en 1 h 30 dans un gymnase parisien. Offrant ainsi de l’intimité aux Ukrainiens de passage dans la capitale. L’intimité qui est selon Shigeru Ban, "un des besoins humains fondamentaux".
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