L'artiste coréen Lee Ufan vient d'ouvrir un centre d'exposition à Arles. Il expose actuellement 15 oeuvres autour de la sculpture et de la peinture. Trois étages, 1350 m2 sont prévus pour mettre en avant le travail de l'artiste au sein de l'exposition Lee Ufan Arles.
Arles. Cette ville n’est certainement pas exempte de pauvreté mais sa richesse culturelle est exceptionnelle. Depuis les monuments antiques jusqu’à l’art le plus contemporain au sein de la Fondation Luma inaugurée l’an dernier et qui se signale par une tour spectaculaire, signée de l’architecte américain Frank Gehry. Il faut citer aussi les Rencontres photographiques, mondialement réputées, qui se tiennent chaque été ou encore les éditions Actes Sud qui veillent à la présence du livre dans cette ville.
Ce panorama vient encore de s’élargir avec l’ouverture, vendredi dernier, d’une nouvelle institution, Lee Ufan Arles, une fondation dans laquelle cet artiste d’origine coréenne a installé des peintures et des sculptures illustrant son travail qui a débuté dans les années 1960.
Il est important de dire qu’il a grandi dans un village de montagne du sud de la Corée où il est né en 1936. Son grand-père était un lettré ayant choisi le métier d’agriculteur. Et l’on retrouve dans la démarche artistique de Lee Ufan une tension féconde entre la nature et une grande exigence intellectuelle.
Lorsqu’il est arrivé à Tokyo en 1956, Lee Ufan rêvait d’ailleurs de faire des études de littérature et de philosophie. Mais cela lui a été refusé car on lui reprochait de ne pas maîtriser suffisamment la langue japonaise. Il a fait alors le choix d’exprimer sa vision du monde par la peinture puis par la sculpture.
L’art de Lee Ufan est marqué par une grande humilité. Il refuse l’idée de l’artiste tout-puissant. La semaine dernière à Arles il nous expliquait qu’il conçoit son rôle comme celui d’un intermédiaire. « Il ne s’agit jamais d’imposer mon art mais de proposer une rencontre. Vous vous poserez devant mes œuvres et vous trouverez quelque chose – je l’espère. » L’humilité s’exprime aussi dans le choix d’utiliser très peu de matériel par refus du consumérisme.
Ses œuvres mettent en relation des éléments très simples. Souvent des plaques de métal et des rochers. Autrement dit, un élément fabriqué par l’industrie et un autre sur lequel la main de l’homme n’a pas eu de prise. Il définit les rochers comme « des blocs de temps sculptés par la nature ». Sa peinture est fondée sur une profonde concentration avant d’accomplir un geste, par exemple pour tracer des lignes de peinture bleue, d’une régularité impressionnante.
C’est ce que l’on peut découvrir à la fondation qui est installée au centre d’Arles dans un bâtiment du XVIIe siècle mais aussi aux Alyscamps la nécropole antique qui jouxte la vieille ville. Lee Ufan y a installé temporairement une quinzaine d’œuvres. L’une d’entre elles m’a particulièrement marqué. Elle s’appelle la « route étroite ». Ce sont deux longues plaques d’acier inoxydable poli en miroir. À mi-longueur, deux rochers aux formes arrondies resserrent le passage. On peut – et d’ailleurs il faut – marcher sur ces plaques afin d’y contempler le reflet des arbres qui bordent l’allée des sarcophages. Notre perception du monde s’en trouve bouleversée. Pour citer une dernière fois Lee Ufan, « le propre de l’œuvre d’art est de créer un instant où l’on ressent le souffle de l’infini. »
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !