Ce mercredi 24 janvier sort sur les écrans de cinéma le premier long métrage du réalisateur et scénariste alsacien Noé Debré. Le dernier des juifs raconte l’histoire de Bellisha et de sa mère, interprétée par Agnès Jaoui. Tous deux forment la dernière famille juive d’une cité de banlieue parisienne. Se pose alors la question de rester ou de partir.
On lui doit la série Parlement (France Télévision) en tant que scénariste. Cette fois, c’est vers la réalisation d’un premier long-métrage que s’est tourné Noé Debré. C’est en partant du constat que le sujet n’était que peu traité que l’Alsacien s’est penché sur la question de la désertification des communautés juives dans certaines villes de France. Si Strasbourg est loin d’observer ce phénomène, ce n’est pas le cas en région parisienne où des communes de banlieues font face à ce phénomène d’abandon.
Le dernier des juifs ne cherche pas tant à explorer les raisons de ces départs, mais raconte plutôt ce que crée l’absence pour ceux qui restent. Bellisha, jeune adulte aux allures d’éternel adolescent, est interprété par Michael Zindel, qui s’offre là son premier grand rôle (on l’a déjà vu dans un premier court métrage de Noé Debré) avec beaucoup de réussite et de dérision. Personnage haut en couleurs, à la fois drôle et énervant, il cherche coûte que coûte à protéger sa mère souffrante de cette réalité : eux seuls restent dans cette cité HLM de Paris. Les situations cocasses s’enchaînent, faisant le lien entre deux exodes : celui-ci, récent, qui poussent les Juifs à partir vers d’autres communautés plus ancrées. Et puis le premier départ, plus ancien, des juifs d’Algérie, souligné par un père absent qui fera son retour à la fin du film. Une histoire qui fait écho au propre vécu familial de Noé Debré : le silence autour de ce passé, jamais formulé, sujet peut-être le plus tabou de tous.
La question de reculer la sortie suite aux attaques du 7 octobre s’est tout de même posée. "Mais pour quoi ?" pose Noé Debré. Car l’antisémitisme n’est pas nouveau. ‘Le dernier des juifs’, au contraire, apporte une forme d'apaisement. D’antisémitisme, il est est discrètement question dans le film (certains reprocheront peut-être le manque de références franches au sujet). Mais de fraternité, il en est également question. A l’image des amitiés de Bellisha dans un quartier qui l’étiquette comme ‘le’ Juif, mais avec amitié et bienveillance. Le dernier des juifs se regarde à la fois comme une comédie et comme une satire, tout en finesse et profondeur.
Sortie en salle le 24 janvier 2024.
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