Pour la deuxième année consécutive, CinéMalraux, le Conseil Départemental de l'Accès au Droit et l'Education Nationale organisent, à Chambéry, jusqu'à vendredi (24 mars) le Festival du Film Judiciaire. Une semaine de débats et de rencontres avec comme point de départ, une toile, un film. L'an dernier la question du consentement était au coeur de ce premier rendez, cette année les jeunes sont appelés à réfléchir à la question du harcèlement scolaire.
Si collégiens et lycéens du secteur sont conviés, tous n'ont pas la même programmation. Pour les plus grands, Cynthia Labat, programmatrice de Malraux, a choisi "1:54" de Yan England. Un drame à la limite du thriller qui met en scène un jeune homme timide et brillant harcelé depuis des années et poussé dans ses derniers retranchements. Pour les collégiens, c'est "Un monde" qui a été retenu. Une fiction de la Belge Laura Wendel et filmée à hauteur d'enfant, l'histoire d'un jeune garçon victime de moqueries et de violences et celle de sa soeur tiraillée entre la loyauté, la peur et l'envie de sauver son frère.
Des projections adaptées aux âges, à la maturité de chacun, mais pour tous, une porte ouverte vers le débat et la discussion. "Le média du film est tellement puissant que les enfants s'identifient aux personnages, on peut avoir des discussions très profondes après une projection" explique Cynthia Labat. Faire tomber les barrières, délier les langues, plus encore qu'en classe, plus que dans les cours de récréation.
Bien que les élèves soient formés par leurs professeurs, après la projection, les mains se lèvent, des "pourquoi ?", des "comment ?", des retours sur une image qui a choqué. Parce que même si les élèves l'assurent "le harcèlement, on connaît bien", il y a parfois la théorie et la pratique. "La parole de leurs enseignants est primordiale" insiste Hélène Bigot, présidente du Tribunal Judiciaire de Grenoble et présente face aux élèves, "mais ils ont parfois besoin de comprendre que ce ne sont pas que des histoires, que des on-dit, que tout cela est bien réel".
C'est d'ailleurs le sens de sa présence aux côtés d'une gendarme, d'une avocate et de professionnelles de la protection de la jeunesse (PJJ) : témoigner de leurs expériences pour nourrir les réflexions des collégiens. "Le harcèlement, ils savent ce que c'est" poursuit Hélène Bigot "mais c'est plus dur, pour eux, de le déceler quand il est insidieux, malheureusement, c'est bien souvent le cas".
Ce jour-là, les intervenantes répondent à beaucoup de questions, en pose aussi et rappellent le plus important : parler, que l'on soit victime ou témoins, parler, à ses parents ou à ses professeurs pour ne pas laisser le pire arriver.
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