Deux livres qui explorent les limites de la planète et par conséquent de notre humanité. Dominer la terre, est-ce l’asservir au point de menacer les équilibres primaires ? Multiplier les inventions, faire toujours plus pour une vie branchée, faire comme si consommer était le bonheur suprême, voilà qui pourrait nous conduire à une impasse.
Cabane
A partir des données scientifiques, il y a matière à fiction. En 1972 paraît un document qui alerte sur les ressources de la planète. Quatre personnes de fiction sont à l’origine de ce rapport 21, et annoncent, en effet, qu’en continuant sur la même lancée, l’humanité risque de ne plus avoir les moyens de son existence… Mais rien ne bouge. Et que deviennent les experts de ce rapport alarmiste ?
Abel Quentin est avocat pénaliste dans la vraie vie et écrivain de romans reconnus par la critique, Prix de Flore pour Le Voyant d’Estampes c’était en 2021, alors que le livre était aussi finaliste du Renaudot et dans la sélection du Goncourt.
Cabane, d’Abel Quentin, est publié à l’Observatoire.
Mémoires sauvées de l'eau
En 1848, il n’est pas encore question d’écologie, non, mais la ruée vers l’or ne sera pas sans conséquence sur les paysages et les ressources de la Californie. Quand Thea, géologue, débarque à Oroville, les stigmates des années passées sont inscrit dans la terre, les rivières et les dérèglements climatiques. On voudrait bien revenir en arrière, mais retrouver l’état originel tient du rêve impossible.
Nina Léger, en duplex à partir des studios de RCF Dialogue à Marseille, est docteur en théorie de l’art, enseignante, autrice de trois romans. Elle a reçu le prix littéraire de la Vocation pour le deuxième, Mise en pièces, c’était en 2017, et tout récemment le Prix du roman historique pour Mémoires sauvées de l’eau, paru cet automne.
Mémoires sauvées de l’eau, de Nina Léger, est publié chez Gallimard.
COUPS de COEUR
On va rester dans notre sujet avec Sister-ship d’Elisabeth Filhol : Dans les soutes du vaisseau en route pour la planète Titan, sont stockés les graines, spores et gamètes – mâle et femelle de chaque espèce –, transportés dans cinquante-trois cuves. Dans la dernière cuve, des échantillons de génome humain. C’est en 2082 que l’Agence spatiale internationale a lancé ce vaste programme de sauvegarde du vivant, l’archivage du patrimoine génétique d’un million d’espèces ainsi préservées de la disparition. Mais les enjeux philosophiques restent, comme en témoigne le journal de bord d’un des trois vaisseaux jumeaux. Sister ship, d’Elisabeth Filhol est publié chez POL.
C’est la ville qui cristallise à la fois le rêve américain et sa faillite. Raphaëlle Guidée a voulu raconter Detroit dans un livre très documenté, écrit à la manière d’une enquête sans fin : « Les récits qui m’intéressent sont ceux qui tiennent ensemble la violence du désastre et la vitalité des gestes, l’intensité de l’injustice et la puissance du soin. » Temple de l’industrie automobile, Detroit a subi de plein fouet les crises successives de la désindustrialisation puis, en 2008, le choc des subprimes, conduisant à la faillite de la ville en 2013 : « La ville du présent se voit sans cesse doublée par les images fantômes de son passé ou les images virtuelles de son avenir, radieux ou désolé. » La ville d’après, Détroit, une enquête narrative, de Raphaëlle Guidée est publié chez Flammarion.
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