"Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux n'y verront pas ce qui s'y passe ; ma langue taira les secrets qui me seront confiés." Le serment d'Hippocrate, un vieil héritage que les médecins se transmettent et qui est aujourd'hui menacé. Certes, il peut y avoir au XXIè siècle "un côté un peu médiéval" dans cette façon de prononcer des vœux, admet Sr. Anne Lécu. Mais selon elle, cela a le mérite de "retrouver la force de la parole vive".
Sr Anne Lécu est religieuse dominicaine et médecin en milieu pénitentiaire. Le secret occupe donc une place important dans sa profession, puisqu'elle est amnenée à recevoir en consultation les confidences de patiens incarcérés. En octobre 2016, elle a justement publié le fruit de ses réflexions: "Le secret médical" (éd. Cerf). Elle fait le récit de son expérience professionnelle.
En consultation, les questions que le médecin pose au patient sont "nécessairement intrusives", explique Sr. Lécu. "Elles amènent le patient à dire des éléments de la vie privée, parfois très intimes." Quand le praticien doit examiner le patient, s'ajoute un rapport à la nudité, "très singulier". Les enjeux autour du secret médical sont donc importants.
A l'heure où notre médecine est de plus en plus technique, quand nos informations médicales sont informatisées, consultables sur des dossiers partagées, le secret médical est-il respecté? Face à la peur de la contamination, aux pressions des assurances, qui protège le fameux serment: le patient ou le médecin?
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