Aux éditions de la Nuée Bleue est sorti le livre ‘Le vin de Strasbourg’. Un ouvrage qui retrace le passé vinique de la capitale alsacienne, qui, il y a 500 ans, était une plaque tournante du commerce du vin dans la région rhénane. C’est en partie grâce à cette activité que la ville a connu un passé prospère. Aujourd’hui, il reste des traces urbaines de cet héritage. Avec le soutien de la Tribu des Gourmets, l'historien Georges Bischoff et le journaliste Hervé Lévy ont remonté le passé pour nous conter cette histoire du vignoble et les raisons d’être des vignerons d’aujourd’hui.
RCF Alsace : Quelle est la genèse qui a abouti à la sortie de ce livre ?
Hervé Lévy : C’est justement autour d’un verre de vin ! Lors de discussions avec Charles Brand, qui est viticulteur, fondateur et président de la Tribu des gourmets. On a eu envie de montrer que Strasbourg était la capitale historique des vins d'Alsace, Colmar étant évidemment la grande capitale des vins d'Alsace. On avait envie de se plonger dans cette vie viticole, dans le présent et dans le passé, de montrer que les jeunes viticulteurs sont à la pointe de ce qui se fait dans le vin d'Alsace aujourd'hui. Donc Georges [Bischoff, ndlr] s'est rué dans les portes de l'histoire et moi je suis resté dans le présent.
RCF Alsace : C'est un livre qui a été édité avec La Tribu des gourmets. Est ce que vous pouvez nous présenter cette association ?
Hervé Lévy : Ce sont les héritiers de la corporation des Weinsticher. Et ce sont des viticulteurs qui ont envie de mettre en avant une nouvelle idée du vin d'Alsace, une idée qui est liée au terroir, à une vision tout à fait contemporaine, c'est à dire qu'on sort du catéchisme sempiternel des sept cépages et on montre un nouveau vin d'Alsace. Mais cette tribu, c'est vraiment l'héritière aussi du passé.
Georges Bischoff : Strasbourg a été pendant très longtemps un avant pays de l'Alsace viticole qui possédait son propre arrière-pays, la couronne d'or. C’était le débouché des vins de toute l'Alsace qui ruisselaient en direction de cette ville vers des marchés extérieurs, mais aussi vers la consommation intérieure. Les principaux officiants de la vente du vin étaient les gourmets, c'est-à-dire des experts qui fixaient le prix du vin, qui étaient organisés en corporations, donc avec une sorte de contrôle interne : contrôle qualitatif à coup sûr, mais aussi contrôle économique.
RCF Alsace : Est-ce le positionnement de Strasbourg qui explique sa riche histoire vinicole ?
Georges Bischoff : C'est incontestable ! Nous sommes dans une situation un peu étrange. Nous sommes en Europe centrale, mais nous sommes presque en Europe méditerranéenne. J'exagère, mais n'oubliez pas que l'Alsace se trouve au Sud-Ouest des pays germaniques, qu'elle se trouve tout près de la ligne de partage des eaux entre la mer du Nord et la Méditerranée. Qu’elle se trouve séparée par une montagne de l'Atlantique et par une haute montagne de l'Oural. On ne peut pas imaginer plus central, en ajoutant qu'elle bénéficie d'un climat tout à fait extraordinaire et de terroirs d'une variété invraisemblable. Et ça, c'est l'héritage de la géologie et l'héritage du travail des hommes. Sans eux, rien ne se serait fait.
Le vin de Strasbourg, publié aux éditions de La Nuée Bleue.
Extrait du Grand Entretien, à réécouter en intégralité en podcast et tous les jours dans le 18/19 en région.
Rencontrez le Grand entretien de la rédaction. Celles et ceux qui font l'actualité politique, économique, culturelle, religieuse et associative de l'Alsace-Lorraine-Moselle.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !