Depuis hier ce sont un peu plus de 12 millions d'élèves qui ont retrouvé classes, professeurs et camarades. Une rentrée avec un nouveau ministre a toujours des airs de test. Et Jean-Michel Blanquer a eu moins de quatre mois pour la préparer. C'est peu dire qu'il est attendu au tournant.
"L'école de la confiance" que veut bâtir le nouveau ministre est-elle un horizon accessible? Depuis plusieurs semaines, les annonces se sont succédé: classes de CP dédoublées pour les écoles de REP+ (pour Réseaux d'éducation prioritaire), retour de la semaine de quatre jours pour les communes volontaires, retour des évaluations nationales pour les CP et les Sixièmes, lancement du dispositif "Devoirs faits", retour du latin et des classes bilingues au collège. Et aussi des annonces qu'il va falloir valider ou préciser, comme la hausse du budget de l'Éducation nationale ou la réforme du bac.
Du côté des observateurs on veut que les choses bougent. Début 2017, Soazig Le Nevé publiait avec Bernard Toulemonde "Et si on tuait le mammouth?" (éd. de l'Aube) - Bernard Toulemonde qui rappelle dans l'introduction de l'ouvrage être à l'origine du terme "mammouth" pour désigner une institution tentaculaire et à bout de souffle. Un ouvrage sans langue de bois sur l'Education nationale.
Du côté des acteurs de terrain, le think tank Vers le haut, qui prévoit la tenue d'États généraux de l’éducation, l'affirme clairement dans sa Lettre ouverte au président de la République: "L’éducation n’est pas que l’affaire des familles ou de l’école. C’est l’affaire de tous. Le défi majeur d’éduquer les jeunes de notre pays dépasse le cadre scolaire et rend indispensable une mobilisation générale de toute la société française en faveur de sa jeunesse." Et en fait d'"école de la confiance", le think tank vient de publier en réponse au ministre: "École de la confiance: quelle place pour les parents?".
"Le principal drame du système éducatif français c'est qu'il laisse sur le chemin environ 20% de jeunes qui, au sortir du CM2 ou entrés en Sixième ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux que sont lire, écrire, compter." Pour Emmanuel Vaillant cependant, être lucide n'empêche pas de regarder du côté de ce qui fonctionne. Pour beaucoup d'enseignants "le rapport à l'apprentissage a changé", témoigne le journaliste. Il ne s'agit plus tant de transmettre des savoirs que de donner envie aux enfants d'entrer dans l'apprentissage.
Ce qui suppose un démarche différente de la part du professeur. Et des idées, les enseignants n'en manquent pas! Co-fondateur de ZEP (Zone d'expression prioritaire), un média participatif qui donne la parole aux jeunes, Emmanuel Vaillant vient de publier "Bonnes nouvelles de l'école" (éd. JC Lattès). Un ouvrage qui recense les innovations en matière d'éducation. Pas celles dont tout le monde parle mais ce que les enseignants des collèges, lycées ou écoles des plus ordinaires imaginent pour susciter chez leurs élèves l'envie d'apprendre. Parce que ce qui compte c'est de montrer il existe des façons d'être créatif.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !